Après avoir été voir une aïeule qu’interprète malicieusement Isabella Rossellini (à peine reconnaissable !) qui l’attendait depuis longtemps avec impatience, il va retrouver ses copains-pilleurs de tombes étrusques qui l’accueillent avec une grande joie ! En effet, mi voyant, mi sourcier, Arthur possède le don de localiser là où, sous la terre, se trouvent des vestiges de ces époques lointaines.
Avec son air sans cesse absent, éloigné de toute réalité du quotidien, Arthur séduit la servante (Carol Duarte) de la vieille femme qui l’a accueilli avec tant de chaleur. En avançant cahin-caha, leur relation va évoluer, mais Arthur ne s’y sent pas à sa place, comme nulle part d’ailleurs. Aussi, pour le spectateur, il garde son mystère jusqu’à la fin du film et reste un personnage quelque peu fantomatique.
Comme Lazarro dans le précédent film d’Alice Rohrwacher, il reste aussi un personnage hors banalité et conserve sa capacité d’émerveillement devant les magnifiques découvertes faites par ces rapaces au fin fond du sol italien !
Cela permet au spectateur de voir de belles pièces étrusques et une merveilleuse statue transportée par une grue, ce qui bien évidemment évoque un Christ baladé dans les airs dans un film de Fellini.
Une grande liberté et un bel onirisme explorent avec inventivité un sujet rarement abordé de ce sol italien où sont enfouies tant de richesses de temps lointains.
« La Chimère » est un film très insolite comme sait en faire la réalisatrice Alice Rohrwacher dont on avait déjà apprécié « Heureux comme Lazarro », « Les Merveilles » et « Corpo celeste ». Elle confirme ici l’originalité de son talent dans ce film très singulier.
Cette fable, où chacun poursuit sa chimère, réserve, selon son habitude, de belles envolées poétiques et oniriques.
Comme dans tous les films d’Alice Rohrwacher, les paysans vivent pauvrement dans ces campagnes reculées d’Italie où il faut tricher avec la loi et jouer au chat et à la souris avec la Police. On retrouve les accents de la satire et de l’allégorie lyrique qui fit le succès du cinéma italien.
Caroline Boudet-Lefort