Elles ne se sont pas vues depuis longtemps, mais se retrouvent avec joie : leur ancienne amitié se ressoude aussitôt.
L’une d’elles, Martha (Tilda Swinton) est atteinte d’un cancer qui la condamne à brève échéance, Ingrid (Julianne Moore), célèbre romancière, accepte de l’accompagner dans ses derniers jours et va s’installer avec elle dans une superbe maison nichée dans la nature à 2 heures de New York. Elles y parlent de James Joyce, de Faulkner, de Virginia Wolf, Hemingway ou Eleonora Carrington,… Et vivent ainsi entre confort et culture.
Martha prévient son amie que, si un matin la porte de sa chambre reste fermée, cela signifie que c’est fini
Elle possède une pilule pour l’y aider, mais la loi d’interdiction est très rigide sur ce point aux Etats-Unis. Et l’enquête sera sévère.
Chaque matin, Ingrid se réjouit de voir la porte ouverte de la chambre de Martha, dont la fille va venir. La mère et la fille ne se sont jamais bien entendues et vivaient dans l’ignorance l’une de l’autre. L’indifférence entre elles se poursuit, même dans les tragiques circonstances. Heureusement qu’Ingrid est là…
Le film ne donne jamais dans le mélo et garde une constante – et touchante ! - sobriété, dans un univers très romanesque, tout en fouillant dans l’inconscient de chaque spectateur. L’approche de la mort – la sienne et/ou celle d’un proche - concerne chacun.
Très différentes dans leur physique et dans leur jeu, les deux comédiennes sont excellentes et, dans un rôle secondaire, on retrouve avec étonnement John Turturro pas vu sur un écran depuis longtemps.
Ce premier long-métrage tourné en anglais de Pedro Almodovar a obtenu le Lion d’Or lors de la dernière Mostra de Venise. C’était bien normal, c’est un très beau film magistral et émouvant qui déploie tout un monde de fantasmes.
Caroline Boudet-Lefort