Tati au pays de Tintin.
Après le triomphe international des "Triplettes de Belleville" (sélectionné à Cannes en 2003), Sylvain Chomet, brillant réalisateur français relativement méconnu et spécialisé dans le cinéma d’animation, revient avec un film artisanal dénommé "L’illusionniste" sur les galères réelles ou imaginaires de Jacques Tatischef (avant qu’il ne soit le cinéaste Jacques Tati), artiste de music hall de la fin des années 50, en perte de vitesse et contraint de se produire au Royaume Uni et en particulier en Ecosse, dans des salles de plus en plus petites...
La beauté graphique et le réalisme des dessins de Sylvain Chomet alimentent chaque plan et les références à Hergé (notamment "L’île Noire") et à son personnage de Tintin (assez proche du personnage de Tati dans le film) raviront les amateurs de bandes dessinées, de burlesque et de pantomime.
Aux fins de conserver l’élégance de son personnage et le réalisme des couleurs, Chomet opère un travail minutieux sur les cadrages (pas de gros plan) et sur le traitement chromatique de la pellicule.
Empli de tendresse, de nostalgie et d’humanisme, "L’illusionniste Tatischef’ se liera d’amitié avec une jeune fille amoureuse de lui (sa dernière spectatrice) qu’il abandonnera pourtant à la fin de l’histoire.
Un joli petit film chaleureux, sélectionné aux Oscars 2011, et beaucoup moins "ringard" que son sujet ou sa forme ne pourrait le laisser paraître en ces temps de blockbusters américains aux images de synthèse et autres avatars.
Est-ce pour cela que les organisateurs de la cérémonie des Césars ont créé en 2011 une nouvelle catégorie venant récompenser les films d’animation ?
Cela y ressemble fort et Sylvain Chomet, illusionniste césarisé, pourrait témoigner que ce n’est pas une illusion de le croire.