Mais ensuite, ce coupable reste totalement muet. Son avocat commis d’office est bien en peine de comprendre ses motivations pour avoir ainsi éliminé un homme de 84 ans apprécié de tous, et tout particulièrement de cet avocat, ami d’enfance de son petit-fils. Hans Meyer se montrait un homme bienveillant, un bon grand-père affectueux, et de plus, à l’époque, il a aidé ce jeune avocat qui défend Collini : alors enfant d’émigrés démunis, c’est grâce à des coups de pouce de sa part qu’il a pu accéder aux études qui lui ont permis de devenir avocat.
Pourquoi ce vieil homme, solitaire et totalement mutique, l’a-t-il tué ?
Pourquoi avoir commis cet acte ? C’est ce que cherche avec obstination le jeune avocat qui, avec étonnement, va aller de découverte en découverte. Et entraîner le spectateur jusqu’au superbe village toscan de Montecatini.
Les fils entre le passé et le présent sont très emmêlés, mais le spectateur s’y retrouve aisément parce que se sont de grosses ficelles où pullulent les clichés. Evidemment, il faudra remonter jusqu’à la guerre et au sadisme des nazis pour comprendre cette vengeance tardive et la découverte d’une loi ambiguë permettant aux anciens SS de s’en tirer sans avoir à faire face à leurs actes pendant la guerre.
On retrouve, avec étonnement après tant d’années, Franco Nero.
Il est admirable dans son rôle muet, mais, grâce à l’expression de son visage, ses silences en disent long. Quoique coupable reconnu, son personnage refusera toujours des aveux.
Concernant le procès qui est la trame du film, il est traité à l’américaine avec des scènes explicatives sur le passé des personnages qui bien souvent provoquent une forte émotion.
Adapté d’un roman de Ferdinand Von Schirach, « L’Affaire Collini » laisse circonspect le spectateur. Si le scénario est attachant avec une belle intensité et fort bien interprété, cependant, la réalisation en scènes rapides semble manipuler le spectateur avec une certaine esbroufe. Et s’ajoute une musique excessive et envahissante.
L’auteur et le réalisateur sont des Allemands et comme tous leurs compatriotes, ils ne semblent pas en avoir fini avec cette période d’Histoire de leur pays.
Caroline Boudet-Lefort