Célèbre écrivain, poète et philosophe italien, Giacomo Leopardi est une figure majeure de la littérature romantique du XIXe siècle.
Ce « jeune homme fabuleux », artiste prodige, difforme et fragile de santé à cause d’une maladie osseuse, a eu une courte vie atypique, avec une adolescence passée à étudier sous le regard d’un père inflexible et ultra réactionnaire. Il lui faudra une volonté à toute épreuve pour s’évader de cet étouffement et partir explorer la haute société de Florence, de Rome, et enfin de Naples alors infestée par le choléra. C’est là qu’il mourut sans avoir atteint ses 39 ans.
Avec une soif de vivre, malgré ses souffrances physiques, il résiste à toutes les épreuves qui jalonnent sa vie et sait se montrer rebelle et courageux, entre autres en ayant su s’opposer à la sévère autorité de son père. Après avoir quitté la maison familiale, voyagé, fréquenté les cercles littéraires qui abondent d’idées révolutionnaires, c’est d’une voix forte que ses écrits vont combattre, avec l’arme des mots, les idées qu’on avait voulu lui imposer. Il cherche une vie qui lui convient, aime sans retour Fanny (Anna Mouglalis), s’appuie sur la reconnaissance de Pietro Giordani qui décèle très tôt son talent et sur celle d’Antonio Ranieri, l’ami fidèle.
Grâce à l’écriture, il échappera à la vie terne qui lui était promise.
Esprit libre, en avance sur son temps, il ne recherchait pas la gloire ni ne voulait se laisser enfermer dans les idées de sa classe sociale. Il combat ce qui l’oppresse : la vie familiale, la domination de l’Eglise, les contraintes morales, les préjugés sociaux, l’aristocratie vacillante...
Sûr de son talent, le jeune Leopardi écrit sans cesse des poèmes et des lettres, mais aussi des « Petites oeuvres morales », courtes pièces philosophiques percutantes et radicales, mises en scène au théâtre par Mario Martone.
C’est ce qui a donné l’idée au réalisateur de s’attaquer à un film sur la vie de Leopardi. La volumineuse correspondance de celui-ci a nourri le film, permettant de rester fidèle à la biographie de cet immense poète, considéré en Italie comme aussi important que Dante. Il montre ce génie malheureux comme un artiste rebelle, une âme vive qui brûlait dans son intense capacité de vie qui surmontait ses malheurs physiques.
Avec ce corps difforme qui l’oblige à une marche claudicante, Elio Germano est époustouflant.
Fiévreux, ironique, torturé, il habite son personnage dans une fresque historique magnifique qui évoque le cinéma de Visconti. Renato Berta, le directeur de la photographie habituel de Mario Martone, a su saisir de splendides prises de vue de Florence, de Rome et de Naples et pour finir du Vésuve couvert de genêts fleuris.
Présenté à la dernière Mostra de Venise, le film était un des grands prétendants au Lion d’or. Il est reparti avec 4 prix dont celui - bien mérité ! - de meilleur acteur pour Elio Germano.