Attention les yeux !
Troisième film du jeune cinéaste Amat Escalante, "Heli" est un portrait surréaliste de la société mexicaine contemporaine d’une violence rare et sans concession.
Pendaisons, scènes de torture orchestrées par des gamins, représailles, trafics de drogue, prostitution et règlements de compte, tout le menu de l’ultra violence est au rendez-vous de ce film, sans pour autant que l’on puisse accuser de complaisance son réalisateur.
Celui-ci nous narre en effet, et contre toute attente, le quotidien de certains villages de son pays natal, le Mexique, gangréné jusqu’à la moelle, c’est à dire, jusqu’à l’enfance, par la corruption, les tueries, les viols, les narco trafiquants, la misère et la détresse.
Un tableau apocalyptique dans lequel il brosse au scalpel de sa caméra les soubresauts d’une histoire d’amour entre une gamine de 12 ans et un jeune flic et les représailles dévastatrices des mafieux des cartels de la drogue locale sur une famille innocente.
Le film paraîtra insupportable à beaucoup de spectateurs comme l’est la situation des populations mexicaines d’aujourd’hui.
La violence fait partie du vocabulaire et de la syntaxe de ce cinéaste qui a visiblement appris à s’exprimer dans un monde sans foi ni loi.
Néanmoins, il y a incontestablement du Buñuel dans ce jeune réalisateur de 35 ans qui nous parle de ces "oubliés" ("los olvidados") du 21ème siècle.
En conclusion, si les belles âmes sensibles détourneront certainement leur regard de ce film, insoutenable par bien des scènes, les autres iront voir en face ce à quoi ressemblent les damnés de la terre.
Photo de Une : © Le Pacte