Réalisé avec trois francs six sous, Gimme the Loot (qu’on peut traduire par « aboule le fric ») est le premier film d’Adam Leon, jeune cinéaste new-yorkais. Deux grands adolescents afro-américains du Bronx, Malcolm (Tysheeb Hickson) et Sofia (Tashiana Washington) parcourent New York à la recherche de surfaces à tagger ou graffer. Copain-copine, ils ne cessent de parler et de se taquiner, sans voir les sentiments profonds qui semblent peu à peu apparaître entre eux. Débrouillarde, Sofia a un tempérament frondeur ; même coursée, détroussée, arnaquée, elle continue d’arpenter les rues en invectivant les passants. Avec son regard tendre et son débit de paroles au rythme slamé, Malcolm a tout autant des idées gentiment rocambolesques. Car, cherchant à devenir les stars reconnues du graffiti, on les retrouve tous deux sur le toit d’un immeuble, taguant leurs noms en grand sur un mur.
Les figures des films urbains ordinaires (dealers, chefs de bande, receleurs,...) ne sont là que pour servir de faire-valoir à la naissance incertaine de l’amour entre les deux jeunes gens. Un projet de braquage minable est l’occasion de dessiner un triangle amoureux où, au jeune couple black, s’ajoute une jolie blonde hautaine de Manhattan qui s’empressera de l’humilier publiquement après l’avoir allumé en douce. C’est l’été, il fait chaud ! La musique tendre - entre jazz et gospel - et les abondantes vues de New York laissent de ce film une agréable impression de légèreté et de « coolitude ». On ne s’ennuie jamais et c’est sans prétention !