Dehli ... catessen
La cuisine exotique est quelquefois indigeste. Les films asiatiques sont parfois indigents et les productions bollywoodiennes le sont toujours. Rien de tout cela ici.
"The Lunchbox" est un en cas indien qui se déguste avec délicatesse.
Sélectionné à la dernière Semaine de la Critique de Cannes, le film de Ritesh Batra, cinéaste indien, prend pour prétexte un échange de boîtes en métal (les dabbas) contenant les déjeuners des employés de bureau des villes indiennes, le plus souvent préparés par les épouses et les mères, pour narrer une bouleversante rencontre entre une jeune femme au foyer et un homme d’âge mur.
Suite à une inexplicable erreur des Dabawallahs (les livreurs de déjeuners) de Bombay, les succulents petits plats mitonnés par une épouse modèle que son salary man de mari ne prend même plus la peine de regarder, vont atterrir sur le bureau d’un vieil employé bougon, prêt à partir à la retraite et contraint par son employeur de former un jeune successeur zélé et envahissant.
Une idylle épistolaire va, peu à peu se nouer, par petits mots interposés glissés dans la lunchbox entre cette jeune femme au foyer résignée et frustrée et ce quinquagénaire veuf, austère, gourmet mais sensible et lucide.
Cette histoire d’amour impossible qui aurait pu se dérouler n’importe où ailleurs dans le monde, a néanmoins le mérite de dessiner en filigrane la condition quasi médiévale des femmes indiennes d’aujourd’hui et la résignation des travailleurs de ce pays, qui même en exerçant un métier enviable parmi d’autres, n’ont pour tout avenir qu’une retraite faite de résignation et de désespoir.
Heureusement que le goût de la vie (ou de la survie !) peut toujours se retrouver dans la saveur d’une nourriture préparée avec amour.
Dépêchez vous donc d’aller boulotter "The Lunchbox" avant que la gamelle ne soit vide d’amour.