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CINEMA : Nos héros sont morts ce soir - Sortie en salles le 23 octobre 2013

Film de David Perrault

Dans ce surprenant premier long-métrage en noir et blanc magnifié par le numérique, tout se passe à l’âge d’or du catch français, une mythologie des héros masqués aujourd’hui oubliée.

Affiche du film
© UFO Distribution

C’est entre fiction et réalité qu’est montrée cette mythologie du monde des combats de catch où les lutteurs portent des masques et des noms de ring. L’un d’eux, « le Spectre », se dissimule derrière un masque blanc et voudrait être dans la peau de son ami, adversaire et rival au masque noir, « l’Equarisseur ». Il est aussi celui qui gagne et recueille tous les applaudissements. Tous deux pourraient-ils tromper leur public en échangeant leurs masques ? Certes, les masques peuvent se troquer, mais non leur musique et leur loi. Et moins encore l’intime certitude d’être des héros en voie de disparition. Pas de nostalgie, mais une musique mélancolique. Malgré la violence du catch, les hommes, aux réactions incongrues, restent dans le doute, n’affichant aucune virilité, et les femmes ne sont ni fatales ni bobonnes, mais des femmes qui aident les hommes à comprendre ce qu’ils vivent et à faire leur choix.

Le film est né d’une vieille photo du célèbre catcheur « L’Ange blanc », en train de boire, avec son masque, un verre de vin dans un troquet. Trouvant insolite cette image et intéressé par tout ce qui disparaît, le réalisateur, né en 1976, a choisi une époque qu’il n’a donc pas connue, mais qui le fait fantasmer. Du moins le merveilleux de ces catcheurs, célèbres en leur temps, et dont on ne parle plus en France. Aux Etats-Unis, leur heure de gloire n’est pas finie et les catcheurs restent des dieux vivants. Question de culture et de mode !

Photo du film "Nos héros sont morts ce soir"
© UFO Distribution

Etrange et original, Nos héros sont morts ce soir est un hommage aux classiques des polars français ou américains des années 60, et peut-être même un audacieux pastiche, bien qu’il dépasse toutes les références. On pense quand même à Cocteau, à Franju, à Feuillade, pour la poésie et le merveilleux. Mais, de plus, quelque chose dans le ton évoque la Nouvelle Vague, comme pour réconcilier toutes les influences possibles.

Souvent avec audace, David Perrault multiplie les ruptures de ton. Ainsi l’évocation de la guerre d’Algérie, citée uniquement une fois, mais qui reste prégnante, de même que l’allusion aux combats concernant le Canal de Suez qui ajoute au climat poisseux de ce film singulier. Sans aucun naturalisme, mais flirtant fortement avec un expressionnisme qui le fait basculer dans le kitsch et tordre les codes du film de genre, Nos héros sont morts ce soir est une réussite totale, avec des dialogues acides, un univers fascinant et un choix d’acteurs adaptés à leurs personnages, tant dans les rôles principaux (Denis Ménochet et Jean-Pierre Martins) que secondaires. Pas besoin d’aimer le catch pour apprécier le film !

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