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CINEMA : La Danse de la Réalité - Film d’Alejandro Jodorowsky

Sortie en salles le 4 septembre 2013

C’est à la Quinzaine des Réalisateurs, au dernier Festival de Cannes, que le cinéaste Alejandro Jodorowsky a fait son grand retour avec La Danse de la réalité, après vingt-trois ans d’absence. Nicolas Winding Refn (Drive), qui l’admire passionnément, l’a présenté sur scène avant la triomphale projection de cette fable autobiographique à la fantaisie débridée.

Affiche du film
© Pathé Distribution

Cinéaste culte (La Montagne sacrée, El Topo, Santa Sangre), auteur de BD, poète, romancier, Jodorowsky s’est surtout distingué dernièrement comme spécialiste des tarots divinatoires. Aussi sommes-nous heureux de son retour au cinéma, un cinéma visuel et symbolique où l’énergie est toujours présente. Inclassable, son film est un exercice d’autobiographie imaginaire pour restituer l’incroyable aventure et quête que fut sa vie. «  M’étant séparé de mon moi illusoire, j’ai cherché désespérément un sentier et un sens pour la vie  ». Cette phrase définit fort bien l’histoire personnelle du cinéaste. Qu’importe la part de vérité dans le délire poétique de ce film sans stars où il se penche sur son enfance. Il reste en famille dans le sujet comme dans l’interprétation : la figure centrale de son père est jouée par son propre fils, et son petit-fils est Jodorowsky enfant.
Pour reconstituer son enfance, le réalisateur a tourné à Tocopilla, petite ville portuaire du Nord du Chili, où il est né en 1929. Il raconte ses souvenirs, en les transformant, les malaxant, pour en faire des rêves qui prennent parfois l’allure de cauchemars. Il revoit la boutique de lingerie de ses parents, sa mère qui, se rêvant chanteuse d’opéra, ne s’exprime que par des vocalises, tandis que son père, communiste acharné, reste un grand admirateur de Staline qu’il cherche à imiter. En rage, l’enfant se révolte peu à peu contre ce père qui, envahi d’un surmoi démesuré, part pour assassiner le dictateur du pays, en laissant l’enfant rivé à une mère asphyxiée par sa vie domestique.
De figures éparpillées en rues bourdonnantes, le film se gorge d’un climat fantastique et se peuple de fantômes entêtants. Des clowns effrayants et une horde de mutilés hargneux de la mine voisine hantent la région pauvre, déliquescente. Peu à peu, assaillie par d’insidieux maléfices, la vie est devenue presque surnaturelle, à la fois fantaisiste et métaphorique, telle la fantasmagorie d’un univers poétique qui n’est pas sans évoquer celui de Fellini dans Amarcord. Avec cette fantaisie visuelle proche du surréalisme, Jodorowsky nous livre une oeuvre onirique et singulière aux images magnifiques et aux situations improbables, loin de toute réalité pour une danse poétique et émouvante. C’est cependant une hallucinante recherche du temps perdu, où il se souvient, imagine, rêve, fantasme. Si le passé est lointain, l’enfance est toujours là, inscrite dans son présent.

Visionnez la bande-annonce en cliquant ici :

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