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POLISSE, de Maiween, sélection officielle FiF 2011

C’était une vrai rêve pour la réalisatrice Maïwenn que son troisième film*, « Polisse », inaugure l’entrée de la France en compétition officielle.

Le synopsis : Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des
Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de
pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte
ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants,
les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les
adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires
incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que
le pire existe, et tenter de faire avec…
Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies
privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ?
Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de
Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de
photos sur cette brigade.

« Polisse », sera en salles le 19 octobre, une vraie révélation, une bombe, c’est donc sans compromis une réussite. Tout d’abord au niveau de l’interprétation : Karine Viard, JoeyStarr, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Sandrine Kiberlain, des acteurs avérés, mais aussi un étonnant petit enfant noir, magnifique de justesse.

Ce film est né au moment ou Maïwenn se préparait à adapter « Rien de grave », un roman de Justine Lévy, fille de l’éponyme Bernard-Henri, dans lequel il était question de Carla Bruni, ( A voir dans Minight de Woody Allen) . « Je m’étais battue pour tout et tout à coup elle est devenue première dame. Je me suis alors retrouvée sans désir. Je traînais ma déprime. Et un ami m’a dit : Il faut que tu choisisses un sujet qui te fasse peur. Et là, je suis tombée sur un documentaire sur la BPM. Le choc que j’ai eu dans le ventre, le soir ! »

Maiween a donc par force de persévérance obtenu l’autorisation d’y faire un stage. « Ce qui m’a frappé, c’est le côté cour des Miracles, misère humaine. Et en même temps, il y a de très grands moments de bonheur, quand on voit le bien que font les policiers aux enfants et aux adolescents qui se reconstruisent. »

Maïwenn imprime une réelle force émotionnelle aux travers des images et des situations, en cela parce que la réalité est toujours présente et continuellement dans nos esprits : l’accouchement d’un bébé mort après un viol, une ado capable de toutes les humiliations pour retrouver son portable, des pédophiles aux multiples explications des raisons dépassant largement les conséquences de leurs actes.
C’est atroce de vérité, les limites sont souvent atteintes et pourtant le fou rire surement comme thérapie a l’ignoble pour rendre comique le tragique est aussi présent. Un vrai tour de force de cette jeune réalisatrice.

Du reste, ce n’est pas le seul tour de Maiween, il fallait une vraie dose de courage pour proposer et présenter JoeyStarr en flic, la magie du cinéma opère bien, ce dernier campe à merveilles son rôle, sentiments et vérité, chapeau.

"Je suis partie uniquement d’histoires dont j’ai été témoin ou que les policiers m’ont racontées : j’ai modifié certaines affaires, mais je n’en ai inventée aucune. En réalité, j’avais une liste exhaustive de ce que peut être le quotidien de la BPM et je voulais à tout prix que cette liste soit complète : je souhaitais parler d’un pédophile, d’inceste au sein d’une famille bourgeoise, de la situation des ados etc. Par ailleurs, c’était important pour moi de montrer que lorsque les policiers traitent une affaire, ils la suivent jusqu’au bout de la garde à vue, mais n’ont pas forcément le résultat du jugement : ils ont souvent besoin d’enchaîner les affaires pour ne pas y mettre trop d’affects. C’était donc
un vrai parti pris de ne pas donner d’informations sur le sort de tel ou tel prévenu car c’est comme cela que le vivent les policiers"

On ne peut rester indifférent, et retrouver dimanche 22 mai l’équipe du film et Maiween sur la scène du théâtre Debussy ne me déplairait pas bien au contraire.

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