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Fin de cet événement Décembre 2014 - Date du 24 décembre 2014 au 31 décembre 2014

Whiplash

En mai dernier, à Cannes, la Quinzaine des Réalisateurs projetait « Whiplash », le film-star de l’édition 2014 du Festival de Sundance (Grand Prix et Prix du public et les mêmes prix attribués à Deauville).

WHIPLASH - De Damien Chazelle

Ce film indépendant américain est un efficace « coup de fouet » sur la relation perverse entre un professeur de batterie et un de ses élèves qui a fait appel à lui pour sa renommée dans une école de New York. Ce dernier rêve de devenir le meilleur batteur de jazz de sa génération. Comment devenir exceptionnel ? Est-ce au prix d’un apprentissage éprouvant ?

Ce « Whiplash », ce coup de fouet, correspond à l’ambiance SM du film qui montre une relation névrotique entre un maître tyrannique aux méthodes odieuses, et son élève, un pauvre jeune batteur falot qui s’offre aux humiliations sadiques de son mentor et à ses éclats de colère. S’il y a un apaisement, ce n’est que l’annonce d’une nouvelle mortification.

Les humiliations s’enchaînent et émiettent le film en de multiples allers-retours assez répétitifs où le comportement quasi sadique du professeur atteint l’insoutenable.

Cette rigueur et ces contraintes sont contraires au jazz qui se doit d’être dans la spontanéité et l’improvisation, même s’il faut apprendre à désynchroniser les mouvements des bras et des jambes pour obtenir le maximum de son instrument.

L’élève s’obstine de façon névrotique, malgré son coeur accéléré par la peur de rater une mesure ou de perdre le tempo, la peur des réprimandes, la peur du chef d’orchestre comme s’il s’agissait d’un sergent au combat.

On se croirait dans un film de guerre où les instruments remplaceraient les armes et où le champ de bataille serait une scène de répétition de musique et même une salle de concert.

Pour cette relation maître/esclave, l’élève est interprété par Miles Teller, nouveau « bad boy » du cinéma américain, et pour le rôle de l’enseignant J.K. Simmons a le crâne rasé, la voix cinglante et le sourire carnassier, dans le registre du sergent instructeur de Full Metal Jacket. C’est comme à la guerre !

Né d’un père français, Damien Chazelle a toujours voulu faire du cinéma, quoique, bien évidemment, il se soit d’abord essayé à la batterie, où il a été confronté à des comportements intraitables et à des rapports tyranniques de maître à élève dans l’école de Manhattan où il étudiait.

Le film est donc inspiré par sa propre expérience dans le milieu de la musique et montre que la recherche de l’excellence correspond à la culture américaine qui va au-delà de toute valeur morale pour atteindre le but.

Ainsi, le jazz n’est plus associé au divertissement ou à un moyen d’expression créatif. Quel que soit son talent, reconnu ou pas, pour cet élève ce ne sont que cauchemars, nausées, repas sautés, crises d’angoisse !

Le tournage n’a d’ailleurs pas été sans douleur dans les scènes de solo durant lesquelles Miles Teller a réellement souffert d’épuisement avec des vêtements trempés de sueur et des mains en sang à force de taper sur son instrument. Pour une musique qui représente la joie et la liberté !

« Whiplash » est le titre d’un morceau de Hank Levy que l’orchestre de l’école répète à n’en plus finir sous la direction de cet enseignant, démiurge froid et délirant.

Le film réussit à donner de l’intensité à des scènes de musique trépidantes et aux échanges hargneux entre les deux personnages jusqu’au final explosif d’une longue et magnifique improvisation qui pourrait signifier qu’un « coup de fouet » peut être efficace. C’est discutable !

Malgré des réserves, « Whiplash » n’en est pas moins un coup de coeur !

Toutes photos de l’article : © Ad Vitam

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