Conçu comme la suite de « Hope and Gory » (La guerre à sept ans) sur l’évocation de l’enfance de Boorman dans un Londres ravagé par les bombes allemandes, « Queen and Country » poursuit la narration autobiographique là où elle avait été laissée, mais le gamin d’alors a maintenant 18 ans, en 1952 lorsque se situe l’action.
Le jeune homme (Callum Tuner) s’enthousiasme pour une jolie fille qui passe sur son vélo au bord d’une rivière dans laquelle il se baigne chaque jour.
Rencontre vite contrariée par deux ans de service militaire dans un camp d’entraînement pour jeunes recrues avant le départ en Corée.
Avec un copain de chambrée (Caleb Landry Jones) qui ne manque pas de toupet, il n’aura de cesse d’en faire baver à leur sergent-major (Davis Thewlis) qui les mène à la dure. Leurs farces de bidasses lui permettront de patienter dans cette période des premiers émois amoureux où il a cependant une aventure avec une mystérieuse femme d’un milieu supérieur. Pourtant, les rapports de classe ne seront pas abordés, pas plus que la guerre en Corée qui reste en toile de fond anodine, sous forme de dépêches venues du front. Tout n’est qu’effleuré et le film avance sans la moindre analyse conservant superficialité et légèreté à « Queen and Country » qui, quoique agréable et lumineux, s’oublie vite.
En revenant sur ses jeunes années et son initiation à la vie, John Boorman (81 ans) transforme en double de lui-même ce jeune militaire farceur qui pense davantage à l’amour qu’à la guerre.
La plupart des personnages sont inspirés de sa propre famille et des rencontres faites à cette époque, quoique bien sûr déformées par la distance du temps. Tous les détails de l’époque (vêtements, mobilier, langage,....) sont reconstitués avec attention afin de faire un voyage dans le passé, comme l’a fait Boorman lui-même. La relation entre mémoire et imagination est un territoire mystérieux, le cinéaste ne décolle pas vraiment de ses souvenirs et ne réussit pas à les magnifier, il semble coincé dans la fidélité à une réalité lointaine.
Ce film se présente comme le point final d’une filmographie importante dont il faut citer « Le point du non-retour », « La Forêt d’émeraude », ou encore « Délivrance » qui en avait freiné plus d’un au moment du retour à la nature de l’après 68 ... Des films puissants, alors que cette fois il réalise un gentil film qui se regarde sans ennui, mais sans enthousiasme non plus.
Juste un film modeste, sympathique et joyeux à voir pour passer un agréable moment. Peut-être même en famille, car c’est un film sans violence, ce qui devient rare !