Alors que son embarcation capote dans une mer déchaînée par un soudain orage spectaculaire, Alex est sauvé par David, surgi telle une miraculeuse apparition. L’amitié entre les deux ados est immédiate....
Tous deux sont adulés par leurs parents : Isabelle Nanty en maman-poule démunie face à son enfant qui n’est plus un enfant, et Valeria Bruni Tedeschi en mère hystéro-génèreuse, aveugle aux événements qui l’entourent. C’est elle qui fera d’Alex un coupable, en le rendant responsable de l’accident mortel de David.
« La mort, il faut lui rire au nez ! » avait pourtant déclaré péremptoirement David : il aime vivre vite et ne s’encombre pas de scrupules à tenir ses engagements. L’opposé d’Alex qui tient à respecter le pacte qu’ils ont fait : chacun d’eux devra aller danser sur la tombe de celui qui mourra le premier. Promesse qu’il juge difficile à tenir, mais pari tenu !
Avec Ozon, on est aussitôt au coeur de la vie des gens, sous son aspect « affectif », même s’il semble dénié comme dans « Jeune et jolie » ou dans « Dans la maison ».
La scène de jalousie qu’Alex fait à David où se mêlent et s’entremêlent constat lucide et reproches, tandis que David déclare « ne pas vouloir appartenir à quelqu’un, jamais ! » : inconstant, il aime le changement, approcher des personnes différentes. Mais Alex est amoureux et voudrait être tout le temps avec David. Cet affrontement entre eux nous livre un véritable « discours amoureux » sur les modes de fonctionnement diversifiés dans toute relation intime. « Je ne sais pas ce qui pourrait me rendre heureux » avait déclaré Alex, mais « beaucoup de gens ne le savent pas ! » lui a répliqué David.
Ozon ose filmer des fantasmes comme la réalité, et la vérité comme des rêves.
Il tord le réel si nécessaire en attachant davantage d’importance à la manière de raconter l’histoire qu’à l’histoire elle-même.
Le scénario est tiré d’un livre pour ados d’un écrivain britannique, Aidam Chambers, « La danse du coucou » que François Ozon a beaucoup aimé au temps de son adolescence. Le livre se passait en Angleterre, mais le réalisateur a choisi de tourner au Tréport dont les falaises ajoutent leur austérité à l’atmosphère dramatique du film et la station balnéaire permet une musique branchée.
Félix Lefebvre et Benjamin Voisin, qui interprètent les deux adolescents, sont parfaits, se complétant à merveille chacun dans son personnage.
Avec son charmant accent anglais, une jeune fille, Philippine Velge, viendra innocemment perturber leur duo et apporter son soutien à Alex. Il ne reste à celui-ci que le souvenir, même pas une photo qu’il demande en vain à la mère de David. Mais, incité par son professeur de Lettres (Melvil Poupaud), il écrit leur histoire et va peut-être ainsi révéler un talent d’écrivain. Comme François Ozon a découvert sa vocation de cinéaste alors qu’il était lui-même adolescent, lors de l’été 85.
Caroline Boudet-Lefort