Toujours montré en conquérant, Casanova est un personnage qui a inspiré de nombreux réalisateurs, dont Comencini avec « Un adolescent à Venise » en 1969, Fellini avec l’inoubliable Donald Sutherland dans le rôle en 1976, Edouard Niemans avec Alain Delon dans « Le Retour de Casanova » en 1992, et bien d’autres... Cette fois, Benoît Jacquot a choisi de raconter le seul revers auquel le séducteur a été confronté et qui ne correspond pas à l’image qu’on a du personnage.
En Bohême en 1793, Casanova, devenu vieux, raconte à une très jeune fille, l’histoire qu’il a vécu lors de son exil à Londres, 30 ans plus tôt.
À la fin de sa vie amoureuse, il a essuyé un cuisant échec avec une courtisane. Il est attiré par elle, Marianne de Charpillon. Vraiment troublé, dès leur première rencontre ! Il l’aime de plus en plus passionnément, alors qu’elle se refuse sans cesse à lui et même s’esquive s’il cherche seulement à l’embrasser. Elle entretient son désir, sans jamais se donner à lui trouvant toujours une dérobade, quitte à ce que s’en mêle sa mère (mère maquerelle en l’occurrence !)
La Charpillon veut qu’il comprenne la différence entre désir et possession. Pour la première fois de sa vie, cet homme à succès se trouve confronté à un échec, et ce sera son seul et dernier véritable amour.
Cette aventure est tirée d’un épisode spécifique d’ « Histoire de ma vie », les mémoires de Casanova où le séducteur raconte ses multiples conquêtes sentimentales. On voit dans le film combien l’époque était très libertine et audacieuse, ainsi il est dans un lit avec deux femmes dénudées tandis qu’un homme les regarde.
Il n’est pas un chasseur, un prédateur comme Don Juan et le film montre la relation d’amitié qu’il a conservée avec certaines femmes. Valeria Golino, en amie et confidente, est particulièrement attachante quand elle parle de sa déchéance physique et matérielle. Elle devance le séducteur dans sa confrontation à la vieillesse et lui souffle ce qui l’attend.
On est surpris par le choix de Vincent Lindon dans ce personnage de séducteur.
Cet excellent acteur semble moins à l’aise entre perruque poudrée et bagues aux doigts qu’en militant revendicateur dans des combats sociaux. Avec son ravissant minois, sa partenaire Stacy Martin joue à plaisir l’ambiguïté de cette jeune fille qui rend fou de désir le plus grand séducteur qui n’a jusqu’alors jamais échoué dans ses conquêtes.
Chantal Thomas, grande spécialiste du XVIIIe et de Casanova en particulier, a participé à l’écriture du scénario. Tout semblait être réuni pour la réussite du film, mais l’émotion n’est pas là ! La composition musicale crépusculaire de Bruno Coulais s’ajoute à l’image souvent sombre de Christophe Beaucaire. Ce qui renforce la morosité au film déjà fort monotone par ses scènes répétitives. Si le début de « Dernier amour » ravit le spectateur par la beauté des paysages, des décors et des costumes, sa tête s’alourdit dans cette atmosphère intimiste de conversations chuchotées, raidies par les codes sociaux, et malgré les moeurs très libres qui sont pointées ici et là comme un saupoudrage nécessaire.
Caroline Boudet-Lefort