En 1996, lors d’une fusillade à grande échelle, un doux dingue qui semble bien gentil va parvenir à tuer trente-cinq personnes et en blesser vingt-trois à Port Arthur, en Tasmanie. Ce sinistre fait-divers est resté dans les mémoires.
Depuis sa tendre enfance, Nitram aime les pétards, les feux d’artifice, les armes à feu de tout genre. Bref, tout ce qui est explosif et qui fait du bruit ! Son surnom est « Nitram », l’envers de Martin, son véritable prénom.
Un garçon bizarre, étrange, avec son teint blafard, ses cheveux filasses et ses clignements d’yeux. Entre solitude et frustration, il vit chez ses parents démissionnaires et sa mère (Judy Davis formidable) le supporte mal. En fait, il ne s’intéresse à rien et se contente de vivoter en paraissant juste bizarre. Jusqu’au jour où, cherchant vaguement du boulot pour tondre le gazon des maisons avoisinantes, il tombe sur une riche voisine qui s’entiche de lui.
Helen (Essie Davis) est une marginale qui vit seule avec ses animaux et Nitram en sera un de plus, en quelque sorte. Cependant, ensemble, ils se construisent une vie faite de complicités, de rires, un peu genre amour platonique entre marginaux associés dans leurs extravagances. A la soudaine disparition d’Helen, la solitude et la colère de Nitram resurgissent. Il va péter les plombs et vouloir se venger de la société entière jusqu’à commettre un acte incontrôlable : il saute sur une de ses armes et tire dans la foule....
La tuerie de Port Arthur est restée d’autant plus célèbre vu le portrait qui a été fait dans les médias de l’étrange coupable.
Dans son film, jamais lourd, Justin Kurzel a tenté de l’imaginer sans le noircir, avec sa douceur inquiétante. Il cherche à expliquer l’absurdité de ce geste conséquent sans charger cependant ce coupable insaisissable, quoique plus que limite pathologiquement. Le réalisateur tente de percer sa psychologie, à travers sa famille, son entourage, ses voisins pour lesquels il est « ce type bizarre ». Bref, celui qui a un grain ! Son acte criminel prouvera que « ça ne tournait pas rond dans sa tête ». Les spectateurs sortent de ce film, remués, chavirés, chamboulés !
La composition de Caleb Landry Jones est véritablement impressionnante et personne n’aurait trouvé à redire pour l’attribution du prix d’interprétation l’an dernier à Cannes. Bravo !
Caroline Boudet-Lefort