Ils ne sont que tendresse et bonté l’un vis-à-vis de l’autre, mais aussi de leur entourage, humains ou animaux. Ils ne connaissent pas l’agressivité et cela les rend heureux. Le bonheur n’est pas forcément dans le luxe.
Tous deux travaillent dur en s’entraidant, mais ils vivent cependant si misérablement que lorsqu’il attrape un petit poisson, le manger à deux est comme un luxueux festin.
La bonté est ce qui les unit et ils sont plein d’attentions l’un pour l’autre et alentour.
Ma Youtie est le seul à avoir le même groupe sanguin que celui d’un patron nanti pour lequel il donne son sang, afin que tout le village en bénéficie, ne voulant en tirer aucun profit pour lui-même. Il reste modeste et ne cherche pas à s’enrichir, mais seulement à vivre en toute simplicité. Cao Guiying tombe malade au moment où les poules commencent à pondre ce qui aurait pu considérablement améliorer leur pauvre nourriture.
Entre eux, il y a des silences qui en disent long ! Aucun doute, ils se sont aimés. Sans elle, il reste démuni. Et leur âne, lui aussi habitué à leur rythme de vie tranquille, erre lamentablement, perdu sans sa charrette.
Le réalisateur Li Ruijun n’oublie pas sa terre de naissance, celle de ses ancêtres, le Gansu, où vivent misérablement de nombreux petits agriculteurs, alors que la plupart sont partis dans des villes-champignons qui se multiplient et où ils trouvent un certain confort.
Après quelques jours d’un immense succès en Chine, le film a été retiré de tous les écrans (environ 80 000) et des plateformes.
Il n’est pas question de montrer une telle misère, alors que le Parti communiste de Xi Jinping veut prouver au monde entier la fin de la pauvreté rurale.
Le film n’a pu être tourné qu’avec un budget très réduit. Si le rôle de Cao Guiying est lui-même magistralement composé par l’excellente actrice Hai-Qing, le principal personnage masculin de Ma Youtie est tenu par un parent du réalisateur qui lui-même ajoute à son poste ceux de scénariste, monteur et directeur artistique.
Les images sont magnifiques, par leur cadrage, leur éclairage, et le choix des paysages.
C’est pour le spectateur la découverte d’une terre inconnue où aucun touriste ne s’est jamais égaré.
« Le Retour des hirondelles » est le film le plus émouvant – le plus triste aussi – qu’on ait pu voir depuis longtemps.
Cette poignante histoire d’amour nous touche au plus profond, ce n’est pas celle d’une pin up et d’un play boy, mais un pauvre agriculteur exploité et une simple d’esprit handicapée. Et c’est beau. Vraiment beau !
Caroline Boudet-Lefort