C’est avec une mise en scène et dans la tenue adéquate qu’il offre à chacun l’image souhaitée de son rêve secret. Son cercle de modèles s’élargit rapidement à des inconnus qui sont séduits par cette image d’eux les incitant de faire la différence entre leurs vrais désirs et ce que la société leur a imposé.
Avant chaque photo, Masashi doit comprendre ce que chacun a écarté de sa vie et qu’il incite à le faire surgir à nouveau, même si ce n’est que l’espace d’un instant. Et même si ce n’est qu’une illusion ! La photo fixe quelque chose de l’histoire intime de celui (ou de celle) qui est représenté(e). Peut-être ne s’agit-il que d’un rêve resté dissimulé dans la mémoire...
Il lui faut comprendre fondamentalement son modèle avant d’appuyer sur le déclencheur et redonner à chacun son destin. Masashi sait trouver ce qui caractérise chaque famille et pourra ainsi enchanter leur photo. Et, hop ! Un déclic quand chacun a dit son désir enfoui !
Parti à Kyoto, il loge chez une copine d’enfance qui, afin d’exposer ses photos, loue une galerie où il obtient le Prix du meilleur photographe. Un jour, ces photos, qui ont toujours une thématique, tapent dans l’oeil d’une éditrice totalement emballée par ces genres de tournages improvisés.
Masashi élargit toujours ses mises en scènes de scénarios refoulés avec le temps et qui plaisent à tous !
Lorsqu’en mars 2011, arrive la catastrophe de Fukushima et son tsunami destructeur, Masashi veut se porter volontaire parmi les bénévoles pour venir en aide aux victimes survivantes, sans cependant quitter son domaine de la photo. Aussi entreprend-il, des recherches dans les décombres d’albums de famille et de photos qu’il nettoie, car elles sont devenues infiniment précieuses pour les familles qui ne reverront plus leurs proches, mais pourront ainsi conserver l’image et la trace de disparus.
Le film bouleverse chaque spectateur : comédie quand il manie ses scénarios dans la première partie où le rire est de la fête avec une ironie perçante, il devient dramatique vers la fin.
On comprend alors quelle place importante représente la photo pour la mémoire de chacun. Combien le moindre cliché peut parfois être le seul souvenir qu’il reste d’une personne après une soudaine tragique disparition.
Comique et poignant, le scénario du film est inspiré par l’histoire réelle du photographe japonais Masashi Asada.
« La famille Asada » a obtenu un grand succès public au Japon où un César (japonais !) a été donné à l’actrice Haru Kuroki qui interprète l’amoureuse de Masashi et qui lui sert tout autant de modèle que l’ensemble de sa famille. Tous les comédiens sont parfaits et dynamisent le film avec humour.
Caroline Boudet-Lefort