Le film débute avec un écran noir, on entend seulement les gémissements et les râles d’une jouissance sexuelle. Puis, quelques paroles échangées par le couple avant que l’un allume la lumière tandis que tous deux continuent leur conversation avec le constat qu’ils sont mariés depuis 17 ans, et informant ainsi le spectateur qu’ils sont bien installés dans des habitudes et des compromis, quitte à « faire l’autruche » plutôt que de se parler franchement.
Rentrant chez lui, Jean-Louis (Laurent Lafitte lui-même) constate que son coeur ne bat plus, et son pouls pas davantage. Il s’interroge : est-il vivant ou mort ? Aucune d’explication à cet étrange phénomène, ni de la part de sa femme (Karin Viard), ni de son ami vétérinaire (Vincent Macaigne) : « Quand on est mort, ce n’est pas grave, mais quand on est vivant, c’est gênant » ! Il panique et, sur les conseils de sa femme, il va voir la « coach de vie » de celle-ci, voyante, sinon gourou en lien avec des forces occultes, et grande manipulatrice. Nicole Garcia occupe à merveille ce rôle de « sorcière » autoritaire qui jette des sorts à ses consultants : « Il le faut, sinon dans trois jours vous êtes mort ». L’enjeu est de taille !
Ce qu’il faut c’est remonter à ses origines, à sa naissance, donc une photo du sexe de sa mère est nécessaire. Face à un tabou auquel il se refuse, il sollicite pour l’obtenir l’aide de son grand copain qui refuse d’abord, mais, après avoir été manipulé aux sentiments, celui-ci se lance dans des situations plus abracadabrantes les unes que les autres. Rien ne se passe comme prévu et la mère (Hélène Vincent, épatante comme toujours !) a du caractère ! Une cascade de situations rocambolesques s’enchaîne dans un grand cafouillis. Le tout arrosé des rêves absurdes que fait Jean-Louis !
On a droit à des scènes anthologiques pour atteindre le but fixé
Ainsi, la mère qui en vient à des confidences, raconte, dans une séquence limite surréaliste, un déjeuner dans un château pour les fiançailles de Jean-Louis avec la fille des châtelains. Après avoir en vain cherché les toilettes, elle s’égare dans une chambre et dépose son étron dans un lit ! Jean-Louis n’avait alors jamais compris pourquoi le lendemain sa fiancée rompait !
Tout spectateur aime qu’on lui raconte des histoires et, plus elles sont loufoques et décalées, mieux c’est ! « L’origine du monde » est riche en situations insensées qui provoquent le rire et, chacun le sait, rire est la meilleure des thérapies dans une période sinistre !
Le film est estampillé du label « Sélection officielle Cannes 2020 », alors que les comédies sont rarement programmées au Festival. Donc c’est bon signe !
Caroline Boudet-Lefort