Dans ce récit d’un amour interdit, Catherine Breillat filme avec audace les corps qui s’entremêlent, les peaux qui rougissent avec une intensité inhabituelle
Pourtant, si cette femme est prête à vivre son désir, elle ne veut pas pour autant en payer le prix et mettre en danger le confort de sa vie tant familiale que professionnelle.
Anne n’a cependant aucune excuse, mais, manipulatrice, elle n’hésite pas à mentir en se posant comme victime et en chargeant le jeune garçon pour protéger la vie idéale - avec ses compromissions bourgeoises - qu’elle s’est construite. Si cet ado est très beau, il est aussi très casse-pieds et elle peut rapidement en faire le parfait coupable...
Léa Drucker joue à merveille ce personnage emprunt de dureté : excellente actrice depuis toujours, autant au théâtre qu’au cinéma, elle s’est enfin imposé grâce à « Jusqu’à la garde » de Xavier Legrand pour lequel elle a obtenu un César de la meilleure actrice.
Dans « L’été dernier », son jeu est encore plus subtil, avec ce personnage de femme si structurée, mais qui cependant ne résiste pas à une passion scandaleuse afin de vivre son désir. Puis, quand elle réalise ce que cette relation risque de détruire pour elle, elle est poussée au déni et à la férocité. Sa froideur devient alors monstrueuse pour sauver sa peau et sa famille au détriment de tout autre.
Sans avoir une expressivité excessive, mais avec subtilité, Léa Drucker donne mille nuances à cette femme manipulatrice en se posant comme victime : elle ne veut rien perdre et tant pis pour celui qu’elle charge ! Afin de se protéger, elle va mentir au détriment du jeune ado. Ce troublant adolescent est superbement interprété par le débutant Samuel Kircher (frère cadet de Paul Kircher, révélé dans « Le lycéen »).
Dix ans après son dernier film (« Abus de faiblesse ») et un arrêt imposé par des problèmes de santé, Catherine Breillat fait un retour réussi avec ce remake sulfureux d’un film danois « Donningen », réalisé par May el-Toukhy en 2019 et resté inédit en France. La cinéaste aime pousser les limites jusqu’à la transgression : elle n’arrondit jamais les angles, mais au contraire bouscule, crée un malaise, un inconfort permanent qui hérisse, mais c’est sa marque de fabrique et il faut l’accepter !
Caroline Boudet-Lefort