Après bien des péripéties, un adolescent arrive en France où il a été envoyé par ses parents restés au Pendjab.
Il doit leur expédier de l’argent de ce pays où ils supposent que tout le monde roule sur l’or. De brimades en humiliations, le jeune garçon est enfin jeté - lors d’une scène particulièrement éprouvante - par un passeur devant la porte d’un centre de soutien à la scolarisation de migrants mineurs pris en charge par l’Etat français.
- Elisabeth Lando, Harmandeep Palminder © Dharamsala & Darius Films
Le jeune Indien tente de s’adapter à son nouveau pays, apprend la langue en un temps record, cherche à intégrer les codes de la société française, et de plus, brillant élève, il semble être sur la voie d’une intégration exemplaire, avec la poursuite d’études en vue d’un avenir prometteur. Partageant son temps entre ses cours, ses copains et sa petite amie, il souffre des sollicitations familiales qui vont l’obliger à se mettre en danger. Aussi, ne peut-il davantage résister à de sales boulots illégaux qui lui permettront d’expédier de l’argent au plus vite à ses parents dont l’insistance se fait de plus en plus pressante au téléphone. Il ne veut pas les décevoir et est prêt à tout pour répondre à leur demande. Tentant de jouer sur tous les tableaux, il ne peut éviter de se faire exploiter par plus malin que lui. A la fois geôliers et « grands frères », ces hommes sans scrupule utilisent, pour leurs magouilles douteuses, les plus dépourvus, afin de ne pas s’exposer eux-mêmes.
La difficulté d’intégration des migrants reste d’actualité.
Bébé Tigre aborde ce sujet brûlant qui, quoique souvent traité, ne peut qu’intéresser un grand nombre de spectateurs.
Formé à la Fémis, Cyprien Vial pose un regard juste sur cette situation infernale et espère faire prendre conscience de la difficulté qu’ont ces jeunes, chassés de leur pays par la misère et qui cherchent leur eldorado. Sans situer son film dans la dénonciation et en refusant de jouer les moralisateurs, le jeune réalisateur pointe la traite de ces enfants indiens, envoyés en France pour récolter de l’argent pour leur famille restée en Inde. Il manque, cependant, au film d’oser s’éloigner de l’énumération de situations archétypiques, malgré une tentative de suspens, une poursuite... Bref, rien de bien exceptionnel et aucune surprise dans ce film qui ne brille pas par son originalité.
Cependant, il faut retenir l’interprétation émouvante, toute en retenue, de Harmandeep Palminder, nouveau venu dans la sphère cinéma. Avec son corps leste, son visage doux et son regard profond, il est parfait pour rendre attachant son personnage.