A son actif des fleurons tels que The Artist, de Michel Hazanavicius (Oscars, 2012), La Part des anges, de Ken Loach, (Festival de Cannes, 2012), Mr Nobody de Jaco Van Dormael (Mostra de Venise, 2009)…Autant dire une pointure du sérail assez couillue (ou inconsciente) pour nous révéler les coulisses du financement de nos "idoles" et du cinéma français. Pour sûr les cachets mirobolants
d’un Brad Pitt, Tom Cruise, Cat Blanchett, Georges Clooney, Nicole Kidman, Nathalie Portman, Matt Damon et quelques autres perles "bankables" du même cru, n’ont rien à envier à ceux de nos stars dont le rayonnement franco-français, à quelques exceptions près, n’éblouit que eux-mêmes et leur ego surdimensionné pour certains. Et encore, ces fameuses "étoiles" américaines touchent le pactole que lorsqu’il s’agit de super productions hollywoodiennes annoncées à grands renforts de teasing et de buzz. Il paraîtrait que la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d’euros, alors que le coût moyen d’un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d’euros.
Y a-t-il une explication à cela ?
Lorsque par exemple Vincent Cassel touche 226 000€ pour Black Swan avec un résultat de 226 M€ de recettes dans le monde et pour Mesrine un cachet de 1,5 M€ engrangeant à peine 23 M€ à l’échelle internationale ? Soit dix fois moins dans les caisses quand il s’agit d’un film français et cinq fois plus dans les fouilles de notre icône "chérie", capable toutefois de mettre la main à la poche pour de jeunes réalisateurs tels que Kim Shapiron ou Romain Gavras. Peut-on comprendre pourquoi un François Xavier Demaison ou une Marilou Berry, mondialement connu en France n’est-ce pas, touche deux voire trois fois plus qu’un Benicio del Toro pour la saga du Che ou un Joaquim Phoenix pour l’excellent péplum Gladiator ?
Pourquoi des blockbusters aussi insipides et bourre-le-mou que Les Seigneurs, Astérix, Pamela Rose, Le Marsupilami, Stars 80, Bowling, Populaire, La vérité si je mens 3 (je vous laisse le choix d’autres tartes à la crème) perdent-ils autant de millions sans que cela puisse remettre en cause le financement de tels bides commerciaux au regard de leurs coûts de productions ?
Financements surévalués
Toutes ces questions ont pour nom "exception culturelle", logo aux effluves muséales et aujourd’hui fourre tout ô combien pratique pour camoufler toutes les dérives d’un système de financement en majeure partie pompé sur de l’argent public. Un pool de subventions directes (chaînes publiques, avances sur recettes, aides régionales), et indirectes (l’obligation d’investissement des chaînes privées, et prélèvements sur la part abonnement, et non redevance, des contribuables) sur lequel se fond le cinéma français. Vous l’aurez compris la plupart des films français, qu’indirectement vous financez, se tournent avec le financement de la télévision (Canal + en tête) sous la condition sine qua non d’obtenir des têtes d’affiche, celles-ci ne se gênant pas pour demander au vue de leur notoriété télévisuelle une grosse part du gâteau. Sont-ils à blâmer pour autant sachant que certains conscients de la surévaluation de leurs cachets (ce que les producteurs américains appellent above the line) n’hésitent pas à le réduire de moitié ou à se mettre en participation minimale (payé à la recette) comme ce fut le cas pour Depardieu (laissons l’exilé de côté SVP) dans Mammuth ? Faut-il pour cela copier le modèle anglo-saxon ? Pas de ministère de la Culture, aucune subvention publique ou privée, juste la loi du marché, un peu de mécénat à dose homéopathique et la foi d’un producteur encore capable de prendre des risques sans pouvoir se rattraper aux ailes d’une poule aux œufs d’or aux allures de coq gaulois ? Car là-bas, Outre-atlantique, l’acteur est payé pour ce qu’il vaut. Au mérite.