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Fin de cet événement Octobre 2020 - Date du 16 septembre 2020 au 18 octobre 2020

"Antoinette dans les Cévennes" de Caroline Vignal

Antoinette est doublement maîtresse : maîtresse d’école et maîtresse du père d’une de ses élèves avec lequel elle devait partir en vacances, ce dont elle se réjouissait, étant folle amoureuse. Mais voilà qu’il lui annonce qu’il part une semaine en randonnée dans les Cévennes avec sa femme et sa fille. Antoinette décide d’y aller aussi avec l’espoir de le retrouver là-bas. Mais tout ne se passe pas comme elle l’avait imaginé...

D’abord, dans le gîte d’étape où elle échoue, son amoureux n’est pas là, et elle se trouve confrontée à l’univers très spécial des randonneurs, loin du sien, celui d’une jeune institutrice solitaire qui ne sait comment faire sa place dans ce groupe déjà soudé. Elle est heureusement soutenue par une habituée du lieu qui la persuade à ne pas repartir aussitôt comme elle l’envisage, mais à poursuivre son périple, malgré sa fatigue et son découragement. On reconnaît dans ce rôle l’émouvante Marie Rivière, pas vue depuis longtemps sur les écrans et dont on garde un souvenir ému dans les films de Rohmer.

Antoinette part donc seule avec un âne nommé Patrick - car d’origine irlandaise - sur les traces d’une expédition de Stevenson racontée dans « Voyage avec un âne dans les Cévennes » : 200 kms que l’auteur a parcourus en 1879. Ce périple va permettre à Antoinette de se découvrir elle-même en expliquant à Patrick sa vie et ses sentiments, et elle transforme ainsi cette aventure hasardeuse en voyage initiatique, puisque peu à peu elle regarde différemment son « coeur d’artichaut » et accepte sa solitude. Dans un rôle évidemment sans paroles, l’âne est formidable, montrant son attachement à cette nana qui, au lieu de lui donner des coups, lui fait ses confidences pour le faire avancer. Il semble l’aider à se révéler à elle-même en lui montrant un certain attachement quoiqu’il reste toujours buté. Elle-même est têtue comme une mule, ils font donc bien la paire ensemble. Et tout cela dans de magnifiques paysages des Cévennes qui sont magnifiquement filmés avec leurs immenses espaces illuminés par un soleil souvent rasant.

Avec son scénario on ne peut plus simple, ce film, souvent drôle, nous ravit.

Surprenant par cette simplicité même, il en dit pourtant plus long que bien des films aux actions excessives. Cela tient beaucoup à Laure Calamy présente dans tous les plans. Découverte au théâtre et vue l’an dernier à Anthéa dans «  Le jeu de l’amour et du hasard  » de Marivaux, où elle était irrésistible de drôlerie dans le rôle de Lisette, elle est arrivée au cinéma dans des rôles secondaires. Après nous avoir maintes fois emballé par la justesse de son jeu, elle tient, cette fois, enfin le premier rôle où elle change de registre d’une seconde à l’autre, étant tantôt confiante, tantôt paumée. Elle sait écouter chaque partenaire, même les braiments de Patrick, mais cela se remarque encore plus particulièrement dans une scène entre elle et Olivia Côte, l’épouse de son amant, où, elle comprend la lâcheté de celui-ci et ainsi s’en détache.

Caroline Vignal revient vingt ans après « Les autres filles », son premier long-métrage présenté à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2000. Cette année, « Antoinette dans les Cévennes » était retenu dans la sélection officielle et sort estampillé du label «  Cannes 2020  ».
Caroline Boudet-Lefort

En salles depuis le 16 septembre 2020 / 1h 35min / Comédie, Romance
De Caroline Vignal
Avec Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte

Photo de Une : Copyright Julien Panié / CHAPKA FILMS / LA FILMERIE / FRANCE 3 CINEMA Stars Laure Calamy

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