Ce deuxième long métrage de la cinéaste indienne de 38 ans Payal Kapadia a obtenu le Grand Prix au dernier Festival de Cannes, mais le film aurait pu recevoir la Palme d’Or.
« All we imagine as light » est une totale réussite sur les destins entremêlés de deux femmes hindoues colocataires qui arrivent à mener leurs vies sans les contingences du monde qui les entoure. Deux vies en miroirs inversés mais qui vont cependant se rejoindre dans la réalité du quotidien.
Le mari de l’une d’elles, Prabha (Kani Kusruti) est parti depuis longtemps travailler en Allemagne et les nouvelles sont plus que rares, cependant elle reçoit de lui un autocuiseur, signe qu’il ne la pas oubliée et ne sait comment exprimer autrement ses pensées pour elle. Anu (Divia Prabha), plus jeune, voit en cachette un jeune amoureux musulman, relation à problèmes dans un pays islamophobe.
Leurs vies se déroulent dans le cadre ultra-urbain de Mumbay (Bombay) filmé de telle manière qu’on voit les traces de la documentariste qu’a été Payal Kapadia.
Très attentive au monde de la ville, à la foule des rues, à la circulation intense, elle montre la chaussée et les trottoirs encombrés avec une affolante agitation avant de suivre Prabha qui va travailler à l’hôpital et retrouve Anu sa jeune colocataire, également infirmière.
Leurs destins entremêlés montrent les contraintes économiques et sociales et leurs fragilités affectives. Tout est observé avec attention et surtout bienveillance.
Leur sororité est un soutien sans faille.
Et c’est ensemble qu’elles partiront à la campagne où la famille d’Anu exige qu’elle revienne pour qu’elle envisage de se marier selon leurs vœux.
Dès lors, la nature reprendra ses droits avec de splendides couleurs entre mer, forêt et une grotte secrète où Anu pourra retrouver son jeune amoureux pour l’aimer charnellement.
Des scènes irréalistes se mêlent à la réalité contraignante dans l’existence de ces deux femmes. Ainsi un homme rejeté par la mer sera sauvé in extremis par Prabha. À la surprise générale, elle réussit à le ramener à la vie grâce à ses capacités d’infirmière. Un peu d’onirisme dans le film, lui a permis d’imaginer que c’est son mari qui l’aurait enfin miraculeusement rejointe.
Décidément, ce magnifique film est plein de surprises !
Caroline Boudet-Lefort