Aprés « les Merveilles » film couronné par plusieurs festivals dont un Grand Prix au Festival de Cannes en 2014, ALICE ROHRWACHER nous entraine avec « Heureux comme Lazaro » dans une dimension mystique.
La note d’intention est sans équivoque, c’est l’histoire d’une élévation à la sainteté, sans miracles, ni pouvoirs, ni même super pouvoirs et surtout sans aucuns effets spéciaux ( Ce film n’a pas été tourné en numérique, mais en Super 16, comme pour rajouter cette note d’authenticité si chère à la réalisatrice). Simplement par le fait d’être au monde, en ayant foi envers les êtres humains et sans jamais penser à mal. Le film évoque la bonté comme concept et règle de vie. C’est à la fois un manifeste politique, un conte de fées, une chanson dans l’Italie des cinquante dernières années.
Cette histoire est fondée sur un fait réel qui a frappé la réalisatrice. L’histoire d’une marquise de l’Italie centrale qui, profitant de l’isolement de certaines de ses propriétés, avait caché à ses paysans l’abolition du métayage.
Les premières images, une campagne isolée, séparée du reste du monde par un vieux pont qui s’est écroulé. L’endroit s’appelle INVIOLATA et constitue le dernier bastion de la reine des cigarettes, Mme la Marquise Alfonsina de Luna qui, chaque été, se rend dans sa propriété après une traversée rocambolesque du fleuve pour revivre les anciennes splendeurs.
De l’autre des familles de paysans, les esclaves d’un autre temps en dehors de toute réalité actuelle, et LAZZARO, un jeune homme à tout faire, celui qui aide sans concessions, celui qui est la bonté incarnée, un gentil, un brave, un être naïf qui reste le serviteur de toutes et tous, sans que jamais personne ne fasse attention à lui.
Le fils de la marquise, à l’égoïsme narcissique exacerbé, ne peut se résigner à rester dans cette région, il profite pour s’échapper avec LAZZARO, et lui fait croire à une fratrie inexistante, dont LAZZARO ne se lassera jamais de retrouver.
C’est finalement grâce à cette fugue que la gendarmerie prévenue par une des filles des paysans ramène ces derniers à la réalité, celle qu’ils ne peuvent rester des serfs, ne pas avoir de maisons décentes et de salaires convenables.
« La grande duperie » est ainsi constituée.
LAZZARO aprés un accident, traverse le temps, et retrouve l’ensemble des protagonistes en ville.
Evocation du loup en filigrane de ce merveilleux film sur nos conditions sociales, le passage sur le fait même de rechercher sans cesse de l’argent pour manger alors qu’il suffit de se baisser pour se nourrir est précis et sans concession.
C’est en fait une profonde satire sociale de notre société de consommation, de nos échanges uniquement basés sur la propriété, sur l’argent qui donnerai tout pouvoir. Sur nos peurs, nos faiblesses, sur le regard des autres et l’aide que chacun peut apporter à son prochain.
Un film œuvrant pour la renaissance de la bonté et de la bienveillance, de l’humanité tout simplement, c’est un merveilleux concept et un magnifique cadeau d’ALICE ROHRWACHER.