Un ami de jeunesse (Edoardo Pesce), un colosse à la gueule de lutteur, vient le voir. Récemment sorti de prison et accro à la cocaïne, celui-ci n’a nullement envie d’une vie rangée. Afin d’obtenir ses doses, il terrorise le quartier par ses rackets et sa brutalité, cherchant à entraîner Marcello dans ses sordides magouilles jusqu’à une spirale d’où il lui sera impossible de reculer. Il a beau refuser, il se heurte à l’horrible caractère borné de l’ancien boxeur qui n’en fait qu’à sa tête, jusqu’à l’obliger à aller en prison à sa place et à le gruger.
Dès lors l’idée de vengeance ne quittera plus Marcello. Vengeance ou délivrance ?
Sa vengeance personnelle rencontre celle de tous les autres.
Que faire quand c’est David contre Goliath ? Le plus faible peut-il gagner sur le plus fort ? Même quand on fait preuve d’énormément d’astuce et de détermination ? Cependant quand on est malin et que l’adversaire est une brute mal dégrossie, tout peut arriver surtout en ayant gardé en tête d’avoir payé plusieurs années de prison pour cet ancien ami qu’on n’a pas voulu trahir. L’essentiel se joue entre le colosse et le minus, entre le buté et le futé, entre le méchant et le gentil. De leurs cages où ils sont enfermés, les chiens assisteront à l’explosion de bestialité.
De Matteo Garrone, nous avions particulièrement aimé « Gomorra », tiré du best-seller de Roberto Saviano et Grand Prix du Jury à Cannes en 2008, obtenu également pour « Reality », en 2012.
« Dogman » est très librement inspiré d’un sordide fait-divers qui a défrayé la chronique en Italie, il y a quelques années.
Garrone a changé les lieux et les personnages. C’est non seulement de l’éternel ressort de la vengeance dont il s’agit, mais d’un crime afin d’avoir la paix pour soi et pour les autres. On est saisi devant cet éloge du crime.
Le réalisateur a trouvé l’interprète idéal en choisissant Marcello Fonte. Avec un physique ingrat : petit, maigrichon, visage anguleux, ce comédien fait passer toute une palette d’émotions d’un simple clignement des yeux, tandis que son corps parle au moindre de ses gestes. Personne n’a contesté le prix d’interprétation masculine qu’il a obtenu au dernier Festival de Cannes.
Caroline Boudet-Lefort