C’est une belle surprise que ce film du Suédois Ruben Östlund, rajouté en tout dernier lieu après la diffusion de la sélection officielle.
Déjà invité à Cannes en 2014 avec Snow Therapy, le réalisateur pose ici un regard plutôt acerbe sur notre monde actuel.
Les humains qui ne le sont plus, qui ne s’entraident plus, qui ne se mélangent pas socialement, qui ne s’engagent plus, qui ne réagissent plus, qui sont collés à un mode de communication détournée de la réalité du Monde, qui sont tout simplement égoïstes, futiles et narcissiques.
Dans une parabole évidente, un petit tacle à l’Art contemporain avec son corollaire de spéculation, de ridicule, mais porté par l’argent qui achète tout et soutient une valeur uniquement matérielle.
Christian (Claes Bang) interprète le rôle d’un conservateur de musée reconnu et réputé.
Jeux de pouvoir, jeux de séduction, victime et bourreau, toutes les obsessions du cinéaste passent à vau-l’eau dans ce film de 2H22. Un peu trop, ou un peu trop vite, les sujets sont graves, et le ton est porté par la comédie sous d’excellents jeux d’acteurs.
The Square titre du film et de l’oeuvre contemporaine découverte et présentée par Christian, constituée d’un carré à même le sol délimité par un cordeau en led lumineux.
Cette oeuvre enclin à nous faire réfléchir sur le cadre, l’intérieur ne serait que protection, humanité, entraide et altruisme.
Serons-nous assez fort pour respecter ce cadre dans nos vies.
C’est tout l’enjeu de ce film, qui d’un simple vol de portable et de portefeuille, nous entraîne en quasi juge :
– d’une vengeance irréfléchie,
– d’une conquête sous forme de pouvoir, de peur, et de méfiance
– d’une négligence professionnelle sous interrogation des bornes de la liberté d’expression.
– d’une performance artistique qui pousse à nous interroger sur nos facultés à réagir, à porter secours, à ne pas rester ou devenir le simple suiveur d’une meute.
Östlund nous pousse donc à l’interrogation et nous fait en tout point mesurer la petitesse de nos vies égocentriques et emplies de vanités.
Un bon moment et une belle découverte de l’équipe de Thierry Fremaux, nul doute c’est un film qui se laisse voir...