Il y a bientôt quinze ans, alors que la relation du cinéma contemporain à sa propre mémoire était sur le point d’être bouleversée par l’apparition naissante du numérique, le Festival de Cannes a créé Cannes Classics, une sélection qui permet d’afficher le travail de valorisation du patrimoine effectué par les sociétés de production, les ayants-droit, les cinémathèques ou les archives nationales à travers le monde.
Devenu une composante essentielle de la Sélection officielle, dans une présence de l’histoire du cinéma dont se sont inspirés à leur tour plusieurs festivals internationaux, Cannes Classics présente des films anciens et des chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma dans des copies restaurées.
Parce que Cannes se donne aussi comme mission d’enchanter le rapport du public d’aujourd’hui avec la mémoire du cinéma, Cannes Classics met le prestige du plus grand festival du monde au service du cinéma retrouvé, accompagnant toutes les nouvelles exploitations : sortie en salles, en VOD ou édition en DVD/Blu-ray des grandes œuvres du passé.
Le programme de l’édition 2017 de Cannes Classics se compose de vingt-quatre séances, un court métrage et de cinq documentaires. Les films sont projetés comme voulu par les ayants-droit, en DCP 2K ou DCP 4K, et L’Atalante de Jean Vigo que Gaumont a souhaité projeter en 35mm.
Les films sélectionnés pour cette édition 2017 font une large place à l’histoire de Cannes. Ils proviennent de nations qui ont permis au Festival de Cannes de devenir une terre de découvertes cinématographiques : la Hongrie, le Liban, la Serbie, le Royaume-Uni, l’Italie, les États-Unis, Israël, la Mauritanie, le Niger, la Pologne, la Suisse, le Japon, l’Espagne, les Pays-Bas, le Canada, la Belgique et l’Australie. Autant de pays qui considèrent également que la sauvegarde du patrimoine est essentielle.
Les films sont projetés dans le Palais des Festivals, salle Buñuel ou salle du Soixantième, en présence de ceux qui les ont restaurés et, lorsqu’ils sont encore parmi nous, de ceux qui les ont réalisés.
À l’occasion de la célébration de sa 70e édition, une brève histoire du Festival de Cannes
De 1946 à 1992, de René Clément à Victor Erice, seize films ayant marqué l’histoire du Festival.
• 1946 : La Bataille du Rail (Battle of the Rails) de René Clément (1h25, France) : Grand Prix International de la mise en scène et Prix du Jury International.
Une présentation de l’Ina. Film numérisé et restauré par l’Ina avec le soutien du CNC. Restauration en 2K réalisée à partir d’un marron acétate et d’une copie zéro. Moyens techniques : Jean-Pierre Peltier. Coordination : Bénilde Da Ponte, Brice Amouroux.
• 1953 : Le Salaire de la peur (The Wages of Fear) de Henri-Georges Clouzot (1952, 2h33, France, Italie) : Grand Prix.
Une présentation de TF1 Studio en collaboration avec la Cinémathèque française et le soutien du CNC, des Archives audiovisuelles de Monaco, de Kodak et de CGR cinémas. Restauration en 4K à partir du négatif image nitrate et d’un contretype sonore, réalisée par Hiventy. À noter que cette présentation est l’avant-première d’un grand événement Clouzot prévu en France à l’automne 2017.
• 1956 : Körhinta (Merry-Go-Round/Un petit carrousel de fête) de Zoltán Fábri (1955, 1h30, Hongrie) : en Compétition.
Une présentation de Hungarian National Film Fund-Hungarian National Film Archive. Scan et restauration numérique 4K à partir des négatifs image et son originaux 35mm, de l’internégatif original et d’une copie positive. Restauration réalisée par le Hungarian National Film Fund-Hungarian Filmlab.
• 1957 : Ila Ayn ? (Vers l’inconnu ?) de Georges Nasser (1h30, Liban) : en Compétition.
Une présentation de Abbout Productions et de Fondation Liban Cinema avec le soutien de Bankmed-Lebanon. Marron original scanné en 4K, nettoyage et correction colorimétrique en 2K. Travaux menés par Neyrac Films, France. Restauration sonore : db Studios, Liban. En collaboration avec The Talkies. Ventes internationales : Nadi Lekol Nas.
• 1967 : Skuplja ?i Perja (I Even Met Happy Gypsies/J’ai même rencontré des Tziganes heureux) d’Aleksandar Petrovi ? (1h22, Serbie) : en Compétition, Grand Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique Internationale - FIPRESCI ex-aequo.
Une présentation de Jugoslovenska Kinoteka/The Yugoslav Film Archive et de Malavida. Nouvelle copie 35mm tirée à partir du négatif original en parfait état puis scannée en 2K et nettoyée.
• 1967 : Blow-up de Michelangelo Antonioni (1966, 1h51, Royaume-Uni, Italie, États-Unis) : Grand Prix International du Festival.
Une présentation de Criterion, Cineteca di Bologna et Istituto Luce-Cinecittà, en collaboration avec Warner Bros. et Park Circus. Restauration menée à Criterion, New York, et à L’Immagine Ritrovata, Bologne, sous la supervision du directeur de la photographie Luca Bigazzi.
• 1969 : Matzor (Siege/Siège) de Gilberto Tofano (1h29, Israël) : en Compétition.
Une présentation de Jerusalem Cinematheque – Israel Film Archive en partenariat avec United King Films et le soutien de la Rabinovich Foundation. Négatifs originaux 35mm noirs et blancs scannés en 4K par Cinelab Romania. Restauration numérique en 2K par Opus Digital Lab à Tel Aviv. Restauration et étalonnage : Ido Karilla. Supervision du chef-opérateur David Gurfinkel.
• 1970 : Soleil O (Oh, Sun) de Med Hondo (1h38, Mauritanie, France) : Semaine de la Critique.
Une présentation de The Film Foundation. Restauré par la Cineteca di Bologna au laboratoire L’Immagine Ritrovata en collaboration avec Med Hondo. Restauration financée par the George Lucas Family Foundation et The Film Foundation’s World Cinema Project.
• 1976 : Babatu, les trois conseils de Jean Rouch (1h33, Niger, France) : en Compétition.
Une présentation du CNC, d’Inoussa Ousseini, du Comité du film ethnographique et de la Fondation Jean Rouch. Restauration numérique effectuée à partir de la numérisation en 2K des négatifs 16mm. Restauration réalisée par L21.
• 1976 : Ai no korîda (In the Realm of the Senses/L’Empire des sens) de Nagisa Oshima (1h43, France, Japon) : Quinzaine des Réalisateurs.
Une présentation de Argos Films et de TAMASA. Numérisation et restauration 4K à partir du négatif original par Eclair. Restauration son à partir du magnétique son original par L.E. Diapason. Sortie en salles françaises.
• 1980 : All that Jazz (Que le spectacle commence) de Bob Fosse (1979, 2h03, États-Unis) : Palme d’or.
Une présentation de Park Circus. Restauration 4K menée par Twentieth Century Fox et the Academy Film Archive en collaboration avec The Film Foundation. Restauration à partir du négatif caméra original chez Sony Colorworks à Culver City, Californie.
• 1981 : Cz ?owiek z ?elaza (Man of Iron/L’Homme de fer) d’Andrzej Wajda (2h33, Pologne) : Palme d’or.
Une présentation de ZEBRA Film Studio (Studio Filmowe ZEBRA) en collaboration avec le Polish Film Institute. Restauration image en 2K à partir du négatif couleur 35mm menée par Daniel Pietrzyk avec Aleksandra Kraus à Yakumama Film. Restauration sonore à partir de la bande magnétique originale par Tomasz Dukszta. Supervision artistique du réalisateur Andrzej Wajda, du chef-opérateur Jerzy ?ukaszewicz et de l’ingénieur du son Piotr Zawadzki.
• 1982 : Yol – The Full Version (The Way/La Permission) de Yilmaz Güney, réalisé par Serif Gören (1h53, Suisse) : Palme d’or ex-aequo, Prix de la Critique Internationale - FIPRESCI.
Une présentation de DFK FILMS LTD. Zürich. Restauration 2K à partir du négatif original 35mm, de l’interpositif et de la copie positive. Restauration et nouveau mixage son à partir des bandes originales numérisées. Ventes internationales : The Match Factory.
• 1983 : Narayama Bushik ? (Ballad of Narayama/La Ballade de Narayama) de Shôhei Imamura (2h13, Japon) : Palme d’or.
Une présentation de Toei (Japon). Scan 4K, restauration image ARRISCAN et son Golden Eye en 2K à partir du négatif 35mm original, d’un contretype et de bandes vidéo.
• 1992 : El sol del membrillo (Le Songe de la lumière) de Victor Erice (2h20, Espagne) : Compétition, Prix du Jury ex-aequo, Prix de la Critique Internationale - FIPRESCI.
Une présentation de la Filmoteca de Catalunya et Camm Cinco SL. Scan 6K, restauration et étalonnage à partir des négatifs 35mm et d’autres matériels vidéo originaux. Numérisation et restauration sonore à partir des bandes 35mm magnétiques. Parcours technique réalisé par la Filmoteca de Catalunya, supervisé par Victor Erice. Variations sur le montage originel introduites par le réalisateur.
• 1951-1999 : Une brève histoire des courts métrages présentés par le Festival de Cannes. Un programme préparé par Christian Jeune et Jacques Kermabon.
Spiegel van Holland (Miroirs de Hollande) de Bert Haanstra (1951, 10mn, Pays-Bas) / La Seine a rencontré Paris de Joris Ivens (1958, 32mn, France) / Pas de deux de Norman McLaren (1968, 13mn, Canada) / Harpya de Raoul Servais (1979, 9mn, Belgique) / Peel de Jane Campion (1986, 9mn, Australie) / L’Interview de Xavier Giannoli (1998, 15mn, France) / When the Day Breaks d’Amanda Forbis et Wendy Tilby (1999, 10mn, Canada).
D’autres événements, d’autres films restaurés, d’autres invités
• Madame de… de Max Ophüls (1953, 1h45, France)
Une restauration de Gaumont. Séance proposée en hommage à Danielle Darrieux à l’occasion de son anniversaire, et présentée par Dominique Besnehard, Pierre Murat et Henri-Jean Servat qui présentera la dernière interview filmée de Danielle Darrieux.
• L’Atalante de Jean Vigo (1934, 1h28, France) en copie restaurée 35mm
Une présentation de Gaumont, la Cinémathèque française et The Film Foundation. Première restauration numérique en 4k. Redécouverte grâce à Gaumont, Luce Vigo et l’historien Bernard Eisenschitz de la version la plus proche du travail du réalisateur, avec un retour à la pellicule 35mm. La restauration a été effectuée au laboratoire L’Image Retrouvée à Bologne et à Paris.
• Native Son (Sang noir) de Pierre Chenal (1951, 1h47, Argentine)
Une présentation de Argentina Sono Film. Restauration avec la collaboration de la Library of Congress.
• Paparazzi de Jacques Rozier (1963, 18mn, France)
Une présentation de Jacques Rozier et de la Cinémathèque française. Les travaux de numérisation 4K et de restauration 2K ont été réalisés à partir des négatifs image et son, au laboratoire Hiventy, avec le soutien du CNC et en collaboration avec Les Archives Audiovisuelles de Monaco, la Cinémathèque Suisse et Extérieur nuit.
Le film sera présenté par Jacques Rozier.
• Belle de jour (Beauty of the Day) de Luis Buñuel (1967, 1h40, Espagne, France)
Une présentation de STUDIOCANAL. Numérisation à partir du négatif original et restauration 4K réalisées par le laboratoire Hiventy pour STUDIOCANAL avec le soutien du CNC, de la Cinémathèque française, du Fonds Culturel Franco-Américain et de la Maison YVES SAINT LAURENT. Distribution salles : Carlotta.
• A River Runs Through It (Et au milieu coule une rivière) de Robert Redford (1992, 2h04, États-Unis)
Une présentation de Pathé. Scan 4K et restauration 4K à partir des négatifs 35mm originaux image et son. Restauration réalisée par Pathé au laboratoire Technicolor France pour l’image en collaboration avec Philippe Rousselot, chef opérateur du film, et le L.E. Diapason pour la restauration sonore.
• Lucía de Humberto Solas (1968, 2h40, Cuba)
Une présentation de la Film Foundation. Restauré par la Cineteca di Bologna au laboratoire L’Immagine Ritrovata en association avec l’Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos (ICAIC). Restauration financée par Turner Classic Movies et The Film Foundation’s World Cinema Project.
Documentaires sur le Cinéma
L’histoire du cinéma par le cinéma lui-même, à travers la présentation de cinq documentaires
• La belge histoire du festival de Cannes (The Belgian’s Road to Cannes) de Henri de Gerlache (2017, 1h02, Belgique)
Présenté par Alizé Production. Produit par Alizé Production, co-produit par la RTBF (télévision belge) & Proximus.
Un road-movie joyeux à la découverte du cinéma belge présent à Cannes depuis 70 ans. Les cinéastes d’hier dialoguent avec ceux d’aujourd’hui pour dresser le portrait d’un cinéma hétéroclite et libre. Une « belge histoire » du plus international des festivals.
• David Stratton - A Cinematic Life de Sally Aitken (2017, 1h37, Australie)
Présenté par Stranger Than Fiction Films. Produit par Stranger Than Fiction Films, avec Screen Australia, ABC TV Arts, Screen NSW et Adelaide Film Festival.
Les relations du critique anglais David Stratton avec son pays d’adoption, l’Australie, qui l’a amené à se comprendre. C’est aussi la glorieuse histoire du cinéma australien et de ses créateurs racontée par ce cinéphile fidèle de Cannes et tourné vers le monde.
• Filmworker de Tony Zierra (2017, 1h29, États-Unis)
Présenté et produit par True Studio Cinema.
Le jeune acteur Leon Vitali abandonna sa carrière prospère après Barry Lyndon pour devenir le fidèle bras droit du réalisateur Stanley Kubrick. Pendant plus de deux décennies, Leon a joué un rôle crucial, dans une relation complexe et interdépendante, fondée sur le dévouement, le sacrifice et la réalité éprouvante et néanmoins joyeuse d’un processus créatif unique dans l’histoire du cinéma.
• Becoming Cary Grant (Cary Grant - de l’autre côté du miroir) de Mark Kidel (2017, 1h25, France)
Présenté par Showtime Documentary Films et Arte France. Produit par Yuzu Productions, coproduit par Arte France, en association avec ro*co films productions.
À la cinquantaine, Cary Grant entame une cure au LSD pour se libérer de ses démons. Le film raconte, à travers les mots de Cary Grant lui-même, interprétés par Jonathan Pryce, l’histoire d’un homme à la recherche de lui-même et de l’amour qu’il n’a pas su trouver pendant une grande partie de sa vie.
• Jean Douchet, l’enfant agité de Fabien Hagège, Guillaume Namur, Vincent Haasser (2017, 1h30, France)
Présenté et produit par Carlotta et Kidam.
Trois jeunes cinéphiles suivent Jean Douchet et interrogent ses amis et anciens élèves. Ce documentaire dévoile l’homme et sa philosophie critique, une partie de l’histoire des Cahiers du Cinéma et cet Art d’aimer auquel il a dévoué son existence.