Strass, paillettes, glamour et tapis rouge.
Mais aussi crachats, huées, déclarations nauséabondes, photos coquines et grève des photographes ! Le Festival de Cannes, qui débute ce mercredi 17 mai, en aura vu de toutes les couleurs - et pas seulement en technicolor - depuis sa création il y a soixante-dix ans. Un long fleuve pas vraiment tranquille, sur lequel viennent naviguer dans des eaux parfois troubles et secouées de tempêtes des stars mondiales, des producteurs, des médias assoiffés d’images, un public émoustillé et quelques mauvais caractères qui trouvent une (grosse) caisse de résonance à leurs coups de gueule.
Et soudain, le sein de Sophie...
Dans la série "beaucoup de bruit pour rien" sinon un coup d’œil pas vraiment désagréable, il y a l’épisode de Sophie Marceau en 2005 lorsque sa robe blanche a subrepticement laissé échapper un sein. Un "accident" aussi surmédiatisé que ceux de
Madonna et de Janet Jackson qui, elles aussi, ont été victimes de débordements mammaires plus ou moins contrôlés en public. Galants les Français ? Hum... En tout cas, la belle Monica Vitti se souviendra du millésime 1960 et de son rôle dans L’Avventura d’Antonioni. Elle est ressortie de la projection en pleurs, sous les huées d’un public haineux. Elle dut aussi supporter des jets de tomates lors de la cérémonie des prix...
Des crachats sur Marcello
Pareil déferlement de violence en 1973 sur un monstre sacré, le beau Marcello Mastroianni, qui partage l’affiche de La grande bouffe avec Noiret, Piccoli, Tognazzi et la rousse Andrea Ferréol. Malgré la distribution prestigieuse, le public ne supportera pas à l’époque ce film à la scatologie jubilatoire et... crache à la sortie sur l’acteur italien. Mais quelle mouche a donc bien pu piquer Lars Von Trier en 2011, venu défendre son film Melancholia ? Le réalisateur danois s’est vraiment lâché en affirmant que si Hitler "n’est pas vraiment un brave type", il comprend "beaucoup et sympathise avec lui". Tollé, rétropédalage et plates excuses formulées à la demande des organisateurs indignés. Une dépression serait à l’origine de ces extravagances.
Robert Mitchum croit bien faire...
Il y a aussi les gentlemen, les vrais, qui veulent rendre service à des actrices débutantes. Mais qui, finalement, aggravent leur cas : ainsi en 1954, le très beau et viril Robert Mitchum cache t-il en catastrophe de ses mains les seins de Simone Silva, Miss Festival, qui a brusquement enlevé son corsage lors d’une séance photo - en principe très sage - aux îles de Lérins. À cette époque plus prude que la nôtre, ce fut un scandale d’autant plus retentissant que les clichés donnent l’impression que le cowboy hollywoodien pelote gaillardement la starlette. Cet épisode croquignolet ne servira pas à la carrière de la jeune femme qui sera expulsée du Festival, ne tournera ensuite que de petits rôles dans des films de second plan, et qui finira par se suicider à l’âge de 29 ans dans un hôtel à Londres.
Adjani, si belle et pourtant snobée comme une débutante
Bien sûr, il y eut les frondeurs, les agitateurs iconoclastes, les turlupins de la Nouvelle vague, les Truffaut, Godard, Pialat et autres malappris du même acabit. Il y eut aussi Mai 68 et son maelström qui a secoué l’establishment, le faisant évoluer aussi. Une thèse de doctorat n’y suffirait pas...
Pour terminer, revenons à l’édition de 1983 où la sublime Isabelle Adjani est la vedette de L’été meurtrier. Un énorme carton dans les salles obscures. Mais pas d’image pour immortaliser la montée des marches de la star, et pour cause : les photographes lui tournent le dos pour protester contre son attitude capricieuse. Elle avait refusé en bloc interviews, conférences de presse et autres shooting. Même à Cannes, cela ne se fait pas.
Et cette année, à quel nouveau scandale aurons-nous droit ?