Baccalaureat, c’est l’histoire d’un père médecin qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant, quitte à faire des compromissions, dans ce monde il y a les gagnants et les perdants, quelquefois cela ne se joue à rien.
Cette lente perdition vers l’obscur et la corruption latente est parfaitement transcrite par le jeu d’Adrian Titieni, qui ne devrait pas être bien loin du prix d’interprétation masculine. Le jeu est juste parfait, et Romeo nous emmène peu à peu dans ce tourbillon ou l’inquiétude ambiante est soutenue par des faits dérangeants et souvent inexpliqués, des petites agressions qui bien qu’anodines soutiennent cette ambiance d’anxiété continue.
Romeo Aldea est à ce stade de la vie où l’on s’interroge sur son passé, sur le sens de sa vie, sur ses choix, sur ses envies. Il n’est plus jeune mais il n’est pas encore vieux. Son mariage bat de l’aile, sa mère est âgée et malade, sa fille est prête à partir vivre sa vie. Il se demande à quoi ressemblera le monde lorsque sa fille aura quitté la maison, à quoi ressembleront les cinq, dix, vingt prochaines années de sa vie ? Que fera-t-il après ? Il n’a pas de réponse – il ressent juste une profonde angoisse et la pression pour continuer tous les jours la course permettant à la routine et au mécanisme de survie de s’exercer.
Mais vit-il toujours vraiment ? Et que pourrait-il faire pour mettre en garde son enfant, pour guider sa fille pour qu’elle ne finisse pas dans la même impasse que lui
lorsqu’elle aura son âge ?
L’histoire de Romeo Aldea est aussi l’histoire d’une société et de ses institutions. Y a-t-il une relation entre le compromis, la corruption, l’éducation et la pauvreté ?
Pouvons-nous éduquer nos enfants très différemment de la façon dont nous avons été éduqués ?
Il suffit d’un fait grave dans le rouage de la vie que nous avions prévu pour nos enfants pour que tout soit remis en question.
On ne vit jamais au travers de ceux que l’on aime. Baccalauréat a des moments forts, qui font qu’un être pourtant intègre, devienne le piètre pantin d’un jeu de compromissions malhabiles.
Le film ne repose pas sur l’explication de tous les thèmes, la signification ou le sens de l’histoire mais dans la capacité à ne pas trop les limiter.
Le langage est toujours abstrait, la communication est toujours imprécise, les détails, parfois, transmettent autant de contenu que l’histoire elle-même. Ce qui est particulier derrière la caméra de Cristian Mungiu, ce sont précisément les détails que l’on ne voit qu’en regardant le film : une attitude non traduisible, un sentiment imprécis, un état d’esprit opaque – des choses qu’on ne peut pas mettre en mots.
En tout état de cause, la morale est sauve, le juge arbitre de sa fille fera la différence pour ne pas tomber dans le terrain piégeux d’une vie destinée.
C’est très bien réalisé par CRISTIAN MUNGIU qui n’est pas un inconnu à Cannes, né en 1968 à Ia ?i en Roumanie. Auteur et réalisateur, Son premier film OCCIDENT, diffusé pour la première fois lors de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes en 2002, rencontre un vrai succès auprès du public roumain. En 2007, il met en scène son second long métrage, 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS, récompensé par la Palme d’or au Festival de Cannes. Le film remporte aussi le prix du meilleur film de l’année décerné par différentes associations internationales de critiques de films. De plus, cet opus remporte aussi le prix du meilleur film et meilleur réalisateur
décernés par l’Académie du Film Européen. En 2009, il retourne à Cannes en tant que coproducteur-réalisateur-scénariste sur la web série CONTES DE L’ÂGE D’OR, ainsi qu’en 2012 en tant que scénariste-réalisateur avec AU-DELÀ DES COLLINES récompensé à deux reprises par le prix du meilleur scénario et de la meilleure actrice. En 2013, il fait partie du Jury du Festival de Cannes. BACCALAURÉAT est son cinquième film.
C’est un bon film qui devrait avoir sa place dans le palmarès de ce 69 ème Festival du Film de Cannes.