Il y a des films qui vous marquent, Youth fait parti de ces moments merveilleux que certains cinéastes savent nous offrir.
Il est un fait certain que la magie de l’image, le rythme des scènes, le graphisme des plans, ou la musique ne vous laisseront pas indifférents.
Il y a de l’émotion, de l’humour, de l’humanité...un vrai moment de plaisir. La sélection italienne de ce 68ème festival de Cannes est de haute volée.
Paolo Sorrentino joue donc toujours sur l’antinomie de ses titres tout comme son film présenté au Festival en 2013, Grande Bellezza qui évoquait la légèreté bourgeoise de son personnage, déjà récompensé par un Oscar du meilleur film en langue étrangère ; Youth n’est pas en reste, le film n’est pas centré sur la jeunesse, mais plutôt sur la philosophie du temps qui passe, de l’amitié, de l’amour, de la vie.
Tout se passe en Suisse dans un magnifique centre thermal.
Michael Caine ancien compositeur et chef d’orchestre qui ne veut plus être dérangé dans sa paisible retraite alors même que la Reine d’Angleterre l’invite à diriger l’orchestre de la BBC pour l’anniversaire de son fils, et Harvey Keitel, un réalisateur de renom qui oeuvre à finaliser le scénario de son "dernier film testament"avec quelques jeunes acteurs créatifs.
Nos deux protagonistes sont excellents, tant dans la justesse de leur jeu, que dans la précision de leur dialogue. Il y a une telle complicité et une telle transparence dans leur échanges que leur amitié vieille de 60 ans ne supporte aucun doute..
La caméra de Sorrentino nous plonge dans un monde de grâce, d’émotion, de sentiments, de complicité, toujours réalisé avec une esthétique de l’image parfaitement bien travaillée, chaque plan est léché, chaque lumière ou ambiance se trouve être au bon moment et au bon endroit....c’est juste bluffant.
Quelques notes d’humour comblent ces moments magiques de volupté cinématographique, comme le passage du célèbre Maradona qui malgré sa difficulté à marcher pourra jongler de son pied gauche une balle de tennis. Comme les cloches de ces quelques vaches qui sous la direction de Michel Caine aboutiront à la création d’une mini symphonie.
La musique rythme donc le fil d’ambiance de ce film, pop, mais aussi classique, portant une galerie de personnage des plus éclectiques, Miss Univers, un moine Bouddhiste, une femme voilée, un jeune violoniste, un couple bourgeois en absence de dialogue, une masseuse adepte de danse sur écran vidéo, un acteur cherchant son inspiration, un alpiniste amoureux..)
Sorrentino a ce don de pouvoir en quelques plans nous faire passer du poétique au grotesque, du superflu au mirifique, des larmes au rire, dans une symphonie burlesque où le normal côtoie l’incroyable, sans jamais en faire trop, et en nous ramenant sans compromis à la trivialité de la vie, et du temps qui passe.
Le cinéma est un Art, où Sorrentino excelle, comme le dit si bien son personnage Paul Dano "Nous sommes des incompris, car nous nous sommes laissés aller à un peu de légèreté".
Ce film est un vrai moment de ravissement, émouvant au possible, et si proche de nos vies.. MERCI M. Sorrentino, augurons d’une place de choix de YOUTH ou de ses acteurs dans la sélection du jury.