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Fin de cet événement Mai 2015 - Date du 13 mai 2015 au 24 mai 2015

MARYLAND de Alice WINOCOUR

De retour d’Afghanistan, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ».
Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour la femme qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur « Maryland », Vincent perçoit une menace extérieure…

Un thriller surfant sur les psychoses d’un ancien soldat victime de troubles post-traumatiques communs aux hommes de retour de théâtre de guerre.

Alice Winocour, nous emmène dans son étrange ambiance au cœur d’une villa de la côte d’Azur " Maryland", avec sa décoration clinquante et pourtant vide qu’on peut facilement imaginer transposée à Los Angeles ; cette demeure de la Côte d’Azur évoque un monde d’argent anonyme, un luxe décadent. Théâtre de fêtes mêlant blanchiment et politique, filigrane de corruption et d’argent sale, cette villa fastueuse se transforme volontairement quelques heures plus tard sous la direction de la réalisatrice avec pluie et orages dans une version lieu "de guerre", ouvrant aux sensations étranges de peur et d’angoisse.

Cette continuelle atmosphère de paranoïa et l’état névrotique de Vincent contamine le film, c’est particulièrement bien obtenu.

Les gros plans portent l’angoisse de Vincent (Matthias Schoebaerts) au cœur même de l’action, nous vivons au travers des images les propres démons du personnage. mêlant sans équivoque son instinct animal, entre peur et violence nous restons ainsi spectateur sans cesse sur nos gardes.

Est-ce la la dimension que recherche le film ?
Cela semble être le cas, avec l’évocation au travers d’un journal télévisé de ces quelques images tournées par une jeune syrienne à Rakka, comme pour nous rappeler que nous sommes déjà dans un monde angoissant, violent et psychotique.

Il y a pourtant de l’amour qui naît entre les deux personnages principaux, avec une dimension presque "hitchockienne" dans le jeu de Diane Kruger, sans aucun doute attirée par son protecteur, mais consciente également d’une distance obligatoire face à la violence bestiale de Vincent.
Syndrome des peurs antagonistes.

Matthias est parfait dans ce rôle qui n’est pas sans rappeler son jeu dans de "Rouille et d’Os" pour lequel il avait reçu un césar du meilleur espoir Masculin, bref un jeu sans faille ; il est un fait certain, il interprète magistralement cette brutalité exacerbée par ses craintes, cette forme de folie qui est en réalité pour ces "vétérans militaires" une méthode normale de survie, où l’hypervigilance est la règle.

Les combats sont souvent très violents, comme une des scènes finales qui oeuvre à porter l’expression animale, la jouissance de l’action retrouvée, toujours aux limites du pétage de plomb de Vincent.

Excellente bande son de Gesaffelstein avec son titre "Aleph", qui est particulièrement en phase avec le sujet et l’ambiance du film.

Le doute et les peurs qui ont envahi notre société sont de toute évidence les ingrédients principaux de ce thriller paranoïaque.

Toutes les photos de l’article : © Mars Distribution

Artiste(s)

Alice WINOCOUR

Après des études de Droit, la jeune Alice Winocour entre à la FEMIS dans la section production tout d’abord, pour finalement intégrer la section scénario. En 2003, elle co-écrit et joue dans le court-métrage Orphée, adaptation du célèbre mythe. Vainqueur en 2004 du Prix de l’Avenir du (…)

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