Finies les rumeurs et les suppositions excitantes qui circulaient depuis des semaines et nous voilà déçus de ne pas voir, sur cette liste, le film du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (déjà palmé en 2010 pour « Oncle Boonmee »), ni celui de Miguel Gomes d’après « Les Mille et Une nuits » (sa durée de 6 heures n’était pas en sa faveur !). Il sera cependant à la Quinzaine des Réalisateurs avec d’autres recalés de la compétition : Arnaud Desplechin (« Trois souvenirs de jeunesse ») et Philippe Garrel dont « L’ombre des femmes » fera l’ouverture.
La sélection officielle n’est pas complète, calmons notre impatience !
Actuellement 17 films sont programmés, sur une vingtaine que compte généralement la compétition. Trois ou quatre sont donc à venir dans les jours prochains dans cette sélection qui prend des risques, avec des renouvellements de noms et des surprises plutôt étonnantes !
« Une grande année française » a dit Thierry Frémaux, aussi, une fois n’est pas coutume, c’est un film français – de plus un film de femme - qui fera l’ouverture de la manifestation le 13 mai.
« La Tête haute » a été réalisé par Emmanuelle Bercot dont on a déjà vu « Clément », « Backstage » et « Elle s’en va ». Catherine Deneuve, Benoît Maginel et Sara Foretier garantiront le glamour de la montée des marches de cette première soirée (sortie en France le même jour).
Les autres films français sont : « Dheepan » (titre provisoire) de Jacques Audiard, sans star, mais avec des combattants pour l’indépendance tamoule au Sri Lanka. « La Loi du marché » un film social et politique de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon, son acteur fétiche, « Mon roi » un drame passionnel de Maïwen qui revient en compétition quatre ans après « Polisse » et enfin « Marguerite et Julien » de Valérie Donzelli sur un scénario abandonné par François Truffaut décrivant une relation d’amour, au début du XVIIe, entre un frère et une soeur (Jérémie Elkaïm et Anaïs Demoustier).
Forte présence italienne aussi.
Nanni Moretti (déjà palmé pour « La chambre du fils » en 2001) revient sur un deuil familial avec « Mia madre » (John Turturro et Margherita Buy), « Youth » de Paolo Sorrentino (Prix du Jury pour « Il divo » en 2008) parle de la vieillesse avec un hallucinant casting anglo-saxon :Harvey Keitel, Jane Fonda, Michael Caine, Rachel Weisz. Après deux Grands Prix à Cannes pour deux sélections (« Gomorra » et « Reality »), Matteo Garrone a réuni Salma Hayek et Vincent Cassel dans « Le Contes des contes » un film fantastique avec sorcières et fées dans un royaume imaginaire.
Le haut du panier du continent asiatique est représenté par le Chinois Jia Zhang-ke dont « Mountain May Depart », qui raconte la relation d’un couple et leur fils sur trois périodes, est la cinquième sélection à Cannes où il a obtenu, en 2013, le prix du scénario pour « A Touch of sin ». Le Taïwanais Hou Hsia-hsien (prix du Jury en 1993 pour « Le Maître de marionnettes ») est de retour après huit ans d’absence avec « The Assassin » sur les arts martiaux en Chine sous la dynastie Tang (618-907). Dans « Notre petite soeur », le Japonais Hirokazu Kore-Eda - un habitué pour la quatrième fois en compétition - parle à nouveau de la famille, son thème favori, avec trois soeurs bouleversées par l’irruption d’une demi-soeur.
Côté anglo-saxon : Gus Van Sant, déjà palmé en 2003 pour « Elephant », propose « The Sea of Trees » sur un Américain qui découvre au Japon une forêt où les gens vont pour mourir, avec Matthew McConaughey et Naomi Watts. « Carol » de Todd Haynes mélodrame, dans les années 1950, sur la relation amoureuse entre deux femmes (Cate Blanchett et Rooney Mara). Justin Kurzel a fait une adaptation qui prend aux tripes du « Macbeth » de Shakespeare, avec un duo de choc et de charme Marion Cotillard et Michael Fassbender. Le Quèbecois Denis Villeneuve (« Incendies » et « Prisoners ») est pour la première fois en compétition avec « Sicario », une histoire mêlant agents de la CIA et du FBI pour faire tomber un baron de la drogue, avec Emily Blunt, Benicio Del Toro et Josh Brolin. « The Lobster », un insolite film américain du Grec Yourgos Lanthimos (« Canine ») avec un casting royal : Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux !
Côté jeunes qui montent, le Norvégien Joachim Trier (dont nous avions aimé « Oslo, 31 août ») a réalisé un drame familial vu sous différents points de vue selon les protagonistes, avec Isabelle Huppert et Jesse Eisenberg et le Hongrois Laszlo Nemes, ex-assistant de Béla Tarr, présente un mystérieux premier film « Le fils de Saul » se déroulant dans un camp de concentration, ce qui risque de provoquer la polémique.
Hors compétition : Woody Allen avec « Un homme irrationnel », Mark Osborne avec « Le Petit Prince », Barbet Schroeder avec « Amnesia », George Miller avec « Mad Max Fury Road », Nathalie Portman avec « Une histoire d’amour et de ténèbres », l’adaptation condensée en 1 heure 30 d’un roman de 900 pages d’Amos Oz !
Quoiqu’elle soit aussi encore partielle, la liste de l’autre sélection officielle « Un Certain Regard » a également été divulguée.
Citons parmi des réalisateurs coréens, mexicains, indiens..., les Français Laurent Larivière (« Je suis un soldat ») et Alice Winocour (« Maryland »), le Japonais Kiyoshi Kurosawa (« Voyage sur l’autre rive »), les Roumains Corneliu Porumboiu (« Le trésor ») et Radu Muntean (« L’étage du dessous »)...
Tous les pays de la planète seront représentés sur la Croisette !
L’élégant et spirituel Lambert Wilson endossera le costume de maître de cérémonie dans lequel il a déjà brillé l’an dernier. Toute la ville de Cannes peut se préparer à faire son cinéma....