Par une belle journée d’été, Caroline, une jeune Parisienne (Isabelle Carré), arrive dans un village du Sud de la France suite au décès de sa mère qu’elle n’avait pas vue depuis des lustres. Elle veut organiser au plus vite les funérailles, d’autant plus qu’elle est impatiemment attendue à Paris par conjoint et enfant. Mais voilà que le corps de sa mère a soudain disparu....
Les frères Larrieu prennent un malin plaisir à nous entraîner au coeur d’une intrigue quelque peu fantastique, avec une réalité marquée du sceau du grotesque. Ils nous entraînent dans un monde absurde, sans foi ni loi, qui réserve des surprises autour de son langage et du lien social que favorise cette bourgade avec ses voluptés, ses fantasmes, ses frustrations, ses solitudes juxtaposées. Les gens y semblent piégés dans un burlesque dérisoire, plus soucieux du bal du 15 août que de tout autre chose.
Lorsque Caroline débarque de son taxi, le village lui est inconnu et la maison maternelle aussi. Elle la découvre avec une belle piscine envahie d’hommes à poil, ce dont elle ne s’offusque pas malgré sa surprise. La vie ici semble cool et, tout en l’accueillant, Pattie (Karin Viard) la branche aussitôt sur ses multiples aventures amoureuses avec quantité de détails croustillants et crus. Bien barge, la nana ! Avec son abattage verbal lubrique et sa logorrhée aussi grossière qu’azimutée en saillies sexuelles, elle est un gag à elle toute seule ! Sans oublier sa manière de s’enflammer en jubilant des énormités qu’elle raconte !
Les autres sont du même acabit. Le film s’attache à une clique de personnages excentriques et farfelus, à commencer par les hommes du coin, tous plus inattendus les uns que les autres. On sent que les acteurs s’en sont donnés à coeur joie et qu’ils ont formé une sacrée bande de complices. Parmi les numéros de comédiens bluffants, citons Denis Lavant, Sergi Lopez, Laurent Poitrenaux... et surtout André Dussolier, avec uns scène hilarante où il laisse planer l’ambiguïté sur qui il est. Serait-il un écrivain nobelisé pseudo sosie de Le Clézio (que peut-il bien penser de ce film, celui-ci ?) ? Et même la mère qui revient fantomatiquement pour enfin rencontrer sa fille.
Les Larrieu osent tout se permettre, on le sait, on l’a vu dans « Peindre ou faire l’amour » dans « L’amour est un crime parfait ». Comme bien souvent chez eux, la maladresse et le mauvais goût ne sont pas absents, dans leur éternel programme du plaisir pour tous. Mais ils savent manier le charme et l’insolence et leur mise en scène est lumineuse, intense. Ils accordent toujours une grande importance à l’environnement qui joue un rôle de premier plan. Ici, ils choisissent le Sud où le climat incite à s’épanouir.
Héroïne juvénile, à la fois réservée et fantasque, conventionnelle et intrépide, Isabelle Carré irradie. Pour son personnage qui vient de vivre une initiation digne d’un conte de fée, on peut prévoir que la suite ne pourra s’écrire tout à fait de la même façon. La révolution (sexuelle, et même plus !) a-t-elle eu lieu ?
Tout est échevelé dans ces réjouissants dialogues rabelaisiens, mais qu’importe, puisqu’on se laisse gagner par le rire !