Sabine Géraudie a ce genre d’aura que l’on n’oublie pas. Féminine, pleine d’énergie, enthousiaste, elle a su se frayer son propre chemin. Modèle photo, puis élève à l’école d’Art Mural de Versailles, elle fait ses armes dans le collectif de Marc Lavalle à Nice entre 2002 et 2004, année de sa première exposition. La peinture occupe sa vie depuis ses 24 ans. Cette autodidacte a commencé par la macrographie. « C’était exclusivement végétal. Je faisais des photos, puis je m’en inspirais pour faire des grandes toiles d’un mètre par un mètre » explique l’artiste. Au début de sa vie de peintre, SAB peint beaucoup de vert. Couleur qui rappelle son origine, les Vosges.
Les galets sont devenus peu après son nouveau dada. Un tableau est particulièrement marquant dans ce genre : des mini toiles modulables, numérotées et aimantées, pour en former une grande. « J’ai un projet. Je voudrais faire une œuvre interactive. Une totale invention dans le même esprit que ce tableau » dévoile la peintre.
« Après cette période de galets il y a eu la crise et je me suis demandée ce que j’allais faire. Donc je suis partie à l’école d’Art Mural de Versailles ou j’ai appris à faire les grisailles. J’ai une grande passion pour les grisailles. Le problème c’est qu’ici, à Nice, il n’y a pas forcément la clientèle pour ça. C’est surtout pour les hôtels particuliers » poursuit-elle.
Une fois la technique acquise, place à l’avenir. Travailleuse, Sabine Géraudie s’est tournée vers l’art à la demande. Cela peut être la réalisation d’un tableau, une restauration de fresque, un vitrail à refaire à l’identique ou même un portrait familial. La question de la différence entre le métier de peintre et de décorateur d’intérieur se pose alors. « Quand on peint, on est seul dans son atelier. Seul avec ses doutes, avec ses angoisses, avec la crainte de ne pas réussir. Mais on peut littéralement s’adonner à la procrastination. En revanche, quand on travaille pour un particulier, on est obligé d’être très réactif. Quelque part, c’est une très bonne correction des doutes, ça aide beaucoup à aller de l’avant » confie-t-elle.
« En Art, il faut arriver à garder un peu de magie »
Végétal, galet, mer. Progressivement, SAB a donné à son fil conducteur artistique un message essentiel : « aller au cœur des choses ». Pour cela, un seul mot d’ordre, s’imprégner. Un sentiment qui lui vient directement des tableaux de Bartolomé Esteban Murillo, une de ses influences. « Ce qui me plaît dans ces peintures se trouve au-delà de l’image. Quand on les regarde, on est vraiment imprégné. La peinture vit. Elle dégage quelque chose, de la tristesse. C’est valable pour « Le Jeune Mendiant » mais aussi pour « la Jeune orpheline au cimetière (Delacroix) ». Murillo mais aussi Jean-Honoré Fragonard. « Je trouve que ses tableaux transpirent tellement, que, au-delà de l’image, ça donne une vraie atmosphère. L’art déclenche vraiment des sensations » ajoute-t-elle.
« En Art, il faut arriver à garder un peu de magie » résume l’artiste. Expériences, ressentis .... le style de SAB naît petit à petit. De la couleur, très peu d’épaisseur, du glacis (couleurs légères et transparentes ajoutées sur les couleurs déjà sèches d’un tableau pour donner de l’éclat). Tous les ingrédients sont réunis.
Du bleu, encore du bleu
« Je suis passionnée par ma ville et par la Côte d’Azur en général. C’est un endroit sublime et une source d’inspiration infinie pour les peintres » révèle Sabine Géraudie. N’en dites pas plus. Du bleu pour la mer, pour vos yeux mais aussi pour les chaises. Les fameuses. « Les chaises de Sab ». Les reines de l’affiche du Salon « Art of the prom » connaissent un grand succès. Et sont même déclinées en bracelets et colliers.
Elle raconte la naissance de son œuvre principale : « j’ai travaillé pour un client qui m’avait demandé un sujet bien précis : réaliser le bonheur et la difficulté d’y accéder avec une touche niçoise. J’ai fait deux chaises en quinconces avec un corps qui essaye d’attraper le soleil. C’était mon interprétation du bonheur et cette chaise je voulais vraiment qu’elle ait une perspective. Je me suis inspirée des différentes chaises qui ont existé sur la Prom’ des Anglais. A partir de là j’ai fait des recherches pour savoir ce qui existait sur la chaise bleue et je me suis rendue compte que c’était quand même un symbole puissant à Nice mais qui n’avait pas été exploité. J’ai décidé de le travailler, de le décliner sous différentes matières mais exclusivement de la 2D pour lui donner vraiment une spécificité et une originalité ».
« Si j’avais un super pouvoir … »
« … J’aimerais que les gens s’émerveillent. Je pense que c’est important de garder une âme d’enfant de regarder, d’aller voir. Je n’aime pas toujours ce que je fais. Il y a des choses qui me plaisent plus ou moins. Lorsque j’étais adolescente, j’ai écouté une radioscopie de Jacques Chancel et Jacques Brel. Ce dernier disait : ‘’ l’important dans la vie c’est se mettre un pied … aux fesses et de toujours aller voir’’. Je pense que même si on va voir un artiste dans un musée, même si c’est un artiste que l’on n’apprécie pas forcément, on peut avoir fait la visite entière et avoir retenu un tableau. Et c’est déjà merveilleux ».
L’avenir ? « Je discute actuellement avec le Maire pour un projet, très prochainement … J’espère mener encore plus haut cette chaise » laisse-t-elle échapper mystérieusement.