Nouvelle entrée du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de la Ville de Nice
La Ville de Nice a engagé une réflexion sur une mutation du MAMAC, visant à améliorer la visibilité, l’accessibilité et le confort d’accès du visiteur, permettant de faire pleinement entrer ce musée dans l’histoire du XXIème siècle.
Le rétablissement de la grande entrée du musée au pied de la tour Nord-Est a pour but de mettre cette institution culturelle de plain-pied avec la rue, la Promenade du Paillon et la place Garibaldi. Ce réaménagement permet de soutenir les orientations artistiques et la politique des publics, en améliorant la convivialité de la visite du musée. Au-delà du fonctionnement de l’établissement, ce nouvel accueil s’inscrit dans un projet urbain à long terme porté par la Ville : le prolongement de la coulée verte jusqu’à Acropolis et le redéploiement urbain lié à la création de la seconde ligne du tramway.
Le rétablissement de la grande entrée du musée a permis de donner à l’accueil de cette grande institution culturelle niçoise un volume et une qualité à l’échelle des grands musées en France, de moderniser le mobilier et le design de l’accueil, de rénover la boutique et, en outre, de renforcer la sécurité de l’établissement par l’installation d’un portique de contrôle de l’accès.
Signature de la Donation Ernest Pignon-Ernest
L’année 2016 a été marquée par le très grand succès des expositions consacrées à l’artiste Ernest Pignon-Ernest, déployées sur trois sites. Ce sont 162.412 personnes qui ont découvert une rétrospective d’une très grande envergure consacrée à cet artiste, réunissant près de 400 œuvres au MAMAC. Associée à cette rétrospective, une performance in situ intitulée « Extases » a été organisée à l’église abbatiale Saint-Pons et a attiré 10.593 personnes. Près de 180.000 personnes ont pu découvrir la belle exposition que lui a consacrée la bibliothèque Louis Nucéra intitulée « Du mur au livre, de l’éphémère à l’éternité », offrant un aperçu des affinités électives d’Ernest Pignon-Ernest avec la littérature.
Faisant suite au grand succès de fréquentation de ces expositions, Ernest Pignon-Ernest a souhaité faire don de la série « Jumelage Nice/Le Cap », Nice, 1974 au MAMAC. La série a été réalisée en 1974, au moment de la venue officielle du Maire de la Ville du Cap à Nice, en pleine période d’apartheid. La nuit précédent la venue du Maire du Cap, Ernest Pignon-Ernest a collé sur le parcours de la délégation officielle des affiches représentant une famille noire africaine derrière des barbelés. Cette action « coup de poing » avait, à l’époque, déclenché une vive polémique. La rétrospective consacrée en 2016 à l’artiste au MAMAC a scellé la réconciliation entre la Ville de Nice et l’un de ses créateurs emblématiques. Alors que plus de quarante années se sont écoulées depuis cette intervention et que la Ville a souhaité donner toute sa place à Ernest Pignon-Ernest, ces œuvres historiques à multiples égards rejoignent les collections du MAMAC grâce à ce geste généreux consenti par l’artiste. Le montant estimé de la donation est de 71.000 euros.
Texte de Georges Rousse publié dans « Face aux murs, Ernest Pignon-Ernest », édition Delpine, Paris, 2010, p. 20 et 21.
Apartheid
"Il pleuvait ce jour-là sur Nice… Je rentrais chez moi et traversais, à mon tour, la place Masséna, incontournable dans la ville. Je n’ai aucun souvenir des plantes mais d’un désordre urbain de palissades qui masquaient des travaux d’enlaidissement.
Je fus saisi par le dispositif mis en place dans la nuit. Je tombai sur un camp de prisonniers, femmes, enfants reclus derrière des grillages où une étiquette tournée vers nous, hors du camp, illisible pour les reclus, nous signalait un jumelage du Cap avec la ville de Nice.
Comme beaucoup de Niçois, j’avais été choqué par ce jumelage avec l’Afrique du Sud, raciste et esclavagiste. Antiapartheid, je fus violemment secoué par la répétition envahissante de la sérigraphie représentant un couple avec un enfant, derrière les barbelés. Cette répétition des images suggérait une foule, un peuple reclus, sur le seul critère de la séparation des races. Avec ces images fortes, justes, efficaces, l’art était mis au service d’une protestation universelle, permettant plastiquement de rejeter et de faire prendre conscience du drame du racisme, du vécu terrifiant de la population de ce pays. C’est un nouveau mode d’action urbain qui se trouvait ainsi confirmé, donnant une grande amplitude à la photographie.
Je ne connaissais pas Ernest à cette époque mais, ébloui, j’ai photographié cette intervention, avec émotion, et j’ai détesté encore plus violemment ceux qui banalisaient la répression et admettaient le racisme. Actuellement, on retrouve cette sorte d’intolérance dans notre quotidien qui sans cesse régénère en moi le souvenir de la révolte éprouvée alors.
Plus tard, à la recherche de lieux abandonnés en ruines, j’errais dans Paris sur mon vélo et trouvai, au hasard des rues, de magnifiques portraits de Rimbaud, sur de façades croulantes, et, sans rien savoir, pensai immédiatement aux reclus de la place
Masséna."
Installation de la collection Jean Ferrero au MAMAC
Donnée à la Ville de Nice en 2013 par Jean Ferrero, célèbre galeriste, acteur de la vie artistique niçoise des cinquante dernières années et témoin privilégié des mouvements artistiques, qui sous l’appellation générique « Ecole de Nice » y ont vu le jour, cette collection, consacrée à l’Ecole de Nice, est constituée d’œuvres de César (37 œuvres), Arman (48 œuvres) et Ben (33 œuvres), mais aussi de Claude Gilli, Robert Malaval, Bernar Venet, Edmond Vernassa, Pinoncelli, Albert Chubac, Sacha Sosno et tant d’autres. Elle correspond précisément au cœur thématique des collections du MAMAC.
C’est pourquoi il est apparu cohérent que cette collection rejoigne ce musée, renforçant ainsi la richesse de son domaine de spécialité qu’est la période « Ecole de Nice » de l’histoire de l’art.
Il s’agit ainsi de proposer aux visiteurs du MAMAC une offre homogène entre les 1.300 œuvres du musée qui s’articulent autour de l’art de l’assemblage et du détournement des années 1960 et, sur le même site, la collection offerte par Jean Ferrero à la Ville, qui représente une page majeure de l’histoire de l’Art du XXème siècle.