Mais non, c’est d’autre chose qu’il est question ici, d’une autre histoire, d’un autre temps. Nous ne sommes plus dans l’épiphanie de l’unique dans le multiple. Nous sommes dans une combinatoire de signes et d’images de marques qui se mêlent les unes aux autres pour composer un système calligrammatique inédit, et comme inouï.
Inoui, car c’est bien à l’oreille autant qu’à l’œil qu’en appellent ces tableaux, qui pourtant relèvent du strict domaine des arts plastiques. Comme une radio en images de marque, mais qui trouverait sa ligne éditoriale dans le brouillage des codes et des émissions, et dont l’harmonie se révèlerait dans le flux ininterrompu de cette cacophonie de mots entendus jusqu’à la nausée.
Coca-Cola, Schweppes, Lipton : autant de mots comme autant d’images sonores qui ont investi non seulement nos corps, mais aussi nos esprits et nos sens jusqu’à la saturation.
Nous sommes ainsi confrontés à un paradoxe avec les tableaux « audio-visuels » de Robert Roux. D’un côté, une débauche d’images de marque qui nous sont si familières qu’elles font quasiment corps avec nous, comme autant de signes d’appartenance à un même corps social, mais de l’autre, un découpage et un réassemblage de ces mêmes mots-images qui nous les rend presque étrangers, opaques, au point que ces derniers nous renvoient le miroir de notre propre étrangeté, étrangeté aux autres autant qu’à nous mêmes et à notre propre culture (et c’est pourquoi, ce système ou ce vocabulaire fonctionne si bien dans un registre primitiviste, sous la forme totémique de ces sculptures venues du fond immémorial des âges de l’art brut).
L’esthétique de Robert Roux s’inscrit à la fois en continuité avec la mise en spectacle ironique de la société de consommation telle que la révélait Warhol, et en rupture avec elle. Car si le Pop Art choisit les motifs emblématiques de la société de consommation, fut-ce pour les dénoncer, il n’en contribue pas moins à leur gloire dans leur surexposition même, comme si ces derniers venaient concurrencer l’art sur son propre terrain.
Chez Robert Roux, au contraire, comme si la crise du consumérisme était passée par là, nous sommes dans une logique de la rupture, dans une esthétique du retrait des signes et des images en eux-mêmes, de leur mise en abyme ou de leur quasi effacement dans leur inflation même, au sens où l’on peut dire qu’un excès d’information conduit à de la désinformation. Esthétique du retrait donc qui serait cependant différente du fameux less is more, promu par le Minimalisme, et presque son contraire ; un « more is less », en quelque sorte.
Et en effet, c’est en résonance discrète avec le bricolage modeste et royal à la fois de certains courants de l’esthétique moderniste, que semble vouloir se déployer le travail de Robert Roux : comme s’il s’agissait, selon le modèle promu aujourd’hui par certains artistes, de jouer avec les codes de la modernité ; une modernité revisitée, moins comme une litanie de grands noms incontestables, que comme un répertoire de formes inépuisables et infiniment transcodables les unes dans les autres dans notre monde infiniment changeant : jeu avec l’art brut, comme on l’a vu, dans des sculptures/assemblages qui se donnent comme une synthèse heureuse de l’art d’un Dubuffet et du nouveau réalisme ; jeu des enchaînements systématiques de fragments de mots et de noms de marques découpés à même l’alu des emballages de boissons, en rectangles et en carrés régulièrement dispatchés sur la toile, et qui rendent ainsi un hommage discret au cubisme analytique (mais qui conservent aussi du cubisme synthétique l’usage des matériaux et des objets réels à même la toile).
L’art de Robert Roux est, en ce sens, un des arts les plus contemporains qui puissent être (si l’art de notre temps est bien un art qui trouve son modèle dans le travail du DJ, ce personnage qui compose en direct à partir d’un matériau musical préexistant), par cette forme de réappropriation qui le caractérise et qui s’applique ici à des objets, des images, des signes issus de la société de consommation, mais que les artistes de l’avant-garde s’étaient déjà appropriés, pour les détourner ou les détrôner : en se réappropriant à son tour ces esthétiques de l’appropriation, il élève ces dernières à la puissance 2, les réécrit tout en les conservant, et c’est là sa très grande originalité, qui le situe en parfaite harmonie avec les avant-gardes du siècle écoulé (et en particulier le Pop Art et le Nouveau Réalisme – n’oublions pas que Robert Roux est niçois) et en osmose totale avec l’extrême contemporanéité. Oeuvres qui sont comme une sorte de laboratoire-conservatoire de notre temps, marqué par le chevauchement ou la surimpression des époques et le croisement des lignes de l’histoire.
A ce point les codes et les repères se brouillent, les frontières se déplacent, et le monde ainsi, se réinvente - dans le miroir de l’œuvre d’art. “
– Norbert HILAIRE
“... Le choix des ingrédients n’est pas neutre. Un mot peut résumer toutes ces démarches : Sérendipité. Ce terme désigne des découvertes inattendues reposant sur une anomalie stratégique qui n’a pas été anticipée par le créateur premier. Ni Lipton, ni Perrier, ni Orangina n’avaient prévu une telle aventure. La sérendipité est le révélateur des synthèses personnelles, et le « don de faire des trouvailles ».
– Tony TSCHAEGLE
Biographie
Robert ROUX est né le 2 mai 1951 à Nice, de parents commerçants pas spécialement portés sur l’art moderne.. …à l’age de 13 ans il fréquente l’école Sasserno située à quelques mètres de la boutique de BEN, rue Tonduti de l’Escarène ou il achète ses premiers disques (cette boutique sera plus tard réinstallée dans sa configuration initiale à Beaubourg). Dés son plus jeune age, il aime créer des objets avec ce qu’il récupère autour de lui.. il réalise ses premières œuvres dés l’age de quinze ans en faisant fondre du plastique, des cintres, des 45 tours usagés, et même les poupées de sa soeur qui n’apprécie guère.. !
En 1970, en même temps qu’il fréquente de façon peu assidu les bancs de la faculté de droit et de science économique de Nice, il suit les cours du soir de l’école Municipale d’Art Plastique, « la villa Thiole » à Nice. Après deux ans à Paris où il suit les cours de l’EBS PARIS (European Business School), il effectue en 1974 un stage dans une usine métallurgique allemande à Augsbourg ou il apprend la soudure et le travail des métaux (ce qui lui servira plus tard) il réalise, pendant ce séjour des petites sculptures en métal fondu. Puis il fait son service militaire, et entre dans l’entreprise familiale qu’il continue à faire évoluer jusqu’à aujourd’hui.. ..en 1992, il ouvre à Nice une galerie « l’espace Art Bleu de France » dans laquelle il présentera de très nombreux artistes, c’est à ce moment-là qu’il commence à collectionner et à fréquenter les artistes azuréens.
Engagé dans la vie publique, il est tour à tour (et parfois simultanément) Président du Centre des Jeunes Dirigeants des Alpes-Maritimes (1982), puis de la Région PACA (1984), Conseiller Municipal (1989), Adjoint au Maire de Nice (1991), Conseiller Economique et Social (1989), etc., tout en ayant repris depuis 1974 son travail artistique. En 1992 il commence son travail sur les « canettes » de boissons (Cf. « table basse » 1993, « buste » 1992) à partir de cette date, c’est sur ce travail qu’il se concentre.
C’est en mai 2009, en visitant sa collection, qu’une galeriste , Simone DIBO-COHEN découvre son travail et lui propose sa première exposition à l’Espace Vision Future a Nice. « Mon travail ne prétend pas à la vérité littérale mais j’espère qu’il donne à voir ce que nous ne saurions voir tout seul, qu’il nous force à regarder ce que notre oeil, habitué à opérer la distinction et la séparation entre les choses, à ordonner et à classer pour les comprendre, refuse de voir » ?.
En Février c’est à Paris, à la Mairie du 17eme, qu’une exposition lui est consacré.
Par ailleurs, la rencontre avec Jean Jacques CHAUBARD, l’ophtalmologiste-collectionneur, et Simone DIBO-COHEN, galeriste, donnera naissance à « La Menuiserie », un espace de création et d’exposition d’art, présidée par Véronique PAGES qui en assure la présidence et la gestion.
Robert ROUX, est père de trois enfants (Julien, Pierre et Marie) et grand-père de deux petite fille. Il dirige toujours activement le groupe Bleu de France, dont l’activité est l’entretien des textiles après sinistre et la gestion de pressing en succursales et franchises (50 pressings en France, Russie (24), Maroc et Sénégal)
EXPOSITIONS PERSONNELLES
– NICE - Exposition personnelle - Galerie VISION FUTURE – Nov 2009
– PARIS – Exposition personnelle – Mairie du 17eme – Fev 2009
– NICE – Exposition personnelle – Entrée solennelle de la faculté de médecine de Nice –Oct 2010
– BEAULIEU su MER - Exposition personnelle- Chapelle Sancta Maria de Olivo
EXPOSITIONS DE GROUPE
– NICE – Exposition de groupe – Galerie VALPERGA – Fev 2009
– NICE – La Menuiserie – Expo « Coke en Stock »
SALONS D’ART
– MONACO - Art Monaco 2011
– CAGNES sur MER – Biennale de l’UMAM - Juil 2010