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Mougins : l’art aborigène révélé

Découvert tardivement par les occidentaux dans les années 70, l’art aborigène, pourtant millénaire, trouve sa place dans les mouvements d’arts contemporains.

En France, l’architecte Jean Nouvel l’a mis à l’honneur sur les toits et les plafonds du musée du quai Branly. En Suisse, un lieu superbe lui est consacré : la Grange à Val-de-Travers. Et en ce moment, à la Fondation Cartier, les monumentales peintures de Sally Gabori qui n’ont rien d’ethnique défendent cependant cette expression qui a enfin gagné ses lettres de noblesse.
Une expression "primitive" et authentique que l’on retrouve désormais dans nombre de galeries comme la "Red Dune Gallery", initiative privée installée dans le vieux village de Mougins. On ne peut pas se rendre au Centre de la Photographie tout proche sans y faire un arrêt prolongé. Le temps de faire connaissance avec sa fondatrice, Céline Emery-Demion, et avec le travail des artistes qu’elle défend. Il faut savoir prendre son temps pour admirer les tableaux, les sculptures et les céramiques qu’elle rapporte chaque année du centre de l’Australie où elle a ses contacts et ses adresses.

Laissez-passer vers l’authentique

Céline ne dira rien des conditions, forcément pas très simples, de ses pérégrinations sur les pistes, roulant sur les traces de Bruce Chatwin, visitant les centre d’arts aborigènes les uns après les autres, circulant au volant de son 4 x 4 : là, dans des paysages démesurés, elle se sent chez elle et en parfaite sécurité, ne semblant redouter ni les chaleurs excessives, ni les rencontres intempestives avec les kangourous et autres dingos.
Circuler sur ces territoires nécessite un laissez-passer. On y entre le matin, on doit en sortir avant la nuit. Rien n’est banal chez cette jeune baroudeuse d’une petite quarantaine d’années. Ce territoire lui est familier, parce qu’elle y est née, ses parents étant chercheurs d’or et de pierres précieuses.
De retour en France à l’âge de sept ans, elle y retourne à vingt deux ans car sa tête était "restée là-bas". Elle acheta un billet aller simple pour rester une quinzaine d’années sur place. Elle y rencontra son mari français, et revint en France la mort dans l’âme.
La rencontre avec l’art aborigène fut tardive mais forte. Il ne se passe pas une année, hormis la période Covid, sans que Céline y retourne, approfondissant régulièrement ses connaissances de cette culture qui illustre les mythes ancestraux, et qui est en constante évolution.
Dans sa jolie galerie, elle se fait un plaisir d’expliquer à ses visiteurs les histoires et les symboles de cet art encore trop méconnu du grand public.

Photo de Une : DR A.C

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