L’exposition de Sarah Morris Mechanical Ballet ouvre la programmation 2012-2013 du musée
national Fernand Léger, laquelle entend souligner les rapports entre peinture et architecture.
Née en 1967 et reconnue à l’échelle internationale, l’artiste américaine vit entre New York et
Londres. Dans la continuité de l’esthétique de Fernand Léger, sa pratique pluridisciplinaire trouve
ses racines dans la réalité urbaine de notre époque. S’inspirant du montage cinématographique,
Sarah Morris recherche en peinture une efficacité maximale de l’image. Menant une double carrière
de peintre et de réalisatrice de films depuis la fin des années 1990, elle poursuit l’exploration
visuelle et psychologique de notre environnement citadin par des séries portant le nom de grandes
métropoles. Ses films, véritables fresques, génèrent à leur tour des cycles picturaux d’une grande
richesse formelle et sémiotique. Ses portraits de villes tels Midtown [New York] en 1998, AM/PM
[Las Vegas] en 1999, Capital [Washington D.C.] en 2000, Miami [2002], Los Angeles en 2004,
Beijing en 2008 ou Chicago en 2011 oscillent entre figuration et abstraction dans un dialogue
complémentaire entre films, dessins et peintures. Prélevées au coeur de ces mégalopoles
trépidantes, les images projetées de Sarah Morris sont fragmentées par des effets de zoom, de
travelling ou de contre-plongée. Leur efficacité est renforcée par une bande son dont l’écriture est
assurée par des artistes invités.
Les surfaces laquées post-Pop des peintures de l’artiste, au format invariablement carré, invitent à la
contemplation. Elles fragmentent les façades architecturales en grilles polychromes et transforment
les objets quotidiens en signes graphiques. Outre Midtown (centre-ville) et Pools (piscines), sont
ainsi exposées les séries plus récentes Knots et Clips (noeuds et trombones) qui agrandissent jusqu’à
l’abstraction des icônes de nos espaces bureautiques ou domestiques, tel un écho à la célèbre
Joconde aux clefs (1930) conservée dans les collections du musée national à Biot.
En choisissant d’évoquer le film expérimental de Fernand Léger (Le Ballet mécanique, 1924)
comme titre de son exposition, Sarah Morris rend hommage au peintre français dont elle poursuit le
réalisme de conception à travers une esthétique combinatoire du fragment.