L’œuvre est notamment visible du parvis du musée, ce qui accentue cette analogie. A travers ses œuvres, il provoque un art de la relation par des dualités. Ici, l’artiste nous propose un environnement empli pour moitié (Half the Air in a Given Space) par des ballons de baudruche de couleur marron. Il explique son cheminement artistique de la manière suivante : « … I decided to use the balloons. And then I calculated the volume of a given space and half filled it with balloons, which was partly to balance the making of something and the not making of something ». Ainsi, ce plasticien explore l’interstice entre le vide et le plein, le visible et l’invisible, la création et la non-création, en transformant et en détournant les contraintes architecturales en un espace de jeu où il réussit à matérialiser la substance la plus impalpable : l’air ; comme si ce dernier voulait rendre perceptible quelque chose d’imperceptible. C’est ainsi, qu’il encourage la corrélation entre le visiteur, l’espace et l’objet par l’antagonisme de l’obstacle et du passage. Ce n’est peut-être pas sans rapport avec l’exposition d’Yves Klein du 8 avril 1958 à la galerie Iris Clert : « La spécialisation de la sensibilité à l’état matière première en sensibilité picturale stabilisée » plus connue sous le nom « Le Vide », ou encore avec l’exposition « Le Plein » d’Arman en octobre 1960 dans cette même galerie parisienne où ce dernier prend le contrepied de son ami en remplissant le lieu d’objets de rebus. Il s’agit ici de voir l’invisible ; c’est-à-dire le vide dans un monde sensible comme un voyage au centre de la terre (Jules Verne) favorisant la dialectique entre l’espace et le temps représentant peut-être les rapports entre l’Homme et la société. Le fait d’interroger l’espace à travers des lieux clos ne représente-il pas un reflet du cloisonnement de la société actuelle ?
Né en 1968 à Wikefield en Grande-Bretagne, Martin Creed vit et travaille entre Londres et Alicudi en Italie. Diplômé de la Slade School of Art de Londres, il remporte en 2001 le très renommé Turner Prize grâce à son œuvre The Lights Going on and off. Cet artiste pluridisciplinaire articule son œuvre autour de diverses pratiques, il est également connu en tant que musicien. Il développe une œuvre minimaliste avec brio et humour. Dès les années 1980, l’artiste inscrit son travail dans un processus artistique défini et suivant une logique implacable en les inventoriant et en les numérotant selon un ordre chronologique de création.