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ECOLE DE NICE - CHRONIQUE 24 : Le MAMAC et l’Ecole de Nice (1) - Chronique Bimensuelle sur l’Ecole de Nice - par André Giordan et Alain Biancheri pour Art Côte d’Azur

Résumé des chroniques précédentes

L’Histoire de l’Ecole de Nice n’est pas un long fleuve tranquille. Nombre d’évidences présentées dans les livres ou les manifestations qui parlent d’elle demandent à être interrogées. Les Chroniques précédentes ont permis d’aborder le contexte de la naissance et de l’émergence de ce mouvement, et notamment pour les dernières la place de Jean et Jacques Médecin, maires de Nice. Quarante années de « je t’aime, moi non plus ( !) » avec les artistes ont débouché cependant sur la réalisation d’un superbe instrument : le MAMAC, le musée d’art moderne et d’art contemporain. Quels furent, quels sont les apports de ce dernier à l’Ecole.

Nombre de personnes intéressées par l’Ecole de Nice se disent « chouette ! allons au MAMAC ! Nous aurons un aperçu direct des principales œuvres, des différentes tendances et de sa place dans l’art contemporain ». C’est notamment le cas de lecteurs de cette Chronique qui apprécient ou découvrent cette Ecole, d’enseignants qui veulent initier leurs élèves ou même de tour-opérateurs qui proposent des vacances dites « intelligentes ».
Que nenni ! Quelle déception… Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’Ecole de Nice est peu présente au MAMAC ! Disons-le tout net, elle demeure la portion congrue des présentations de ce musée ; peu traitée ou maltraitée, c’est selon. Une seule « salle » présente cette Ecole, au troisième étage.
Une seule salle c’est beaucoup dire, un tiers de la salle est entièrement occupée par l’Arte Povera. Que viennent faire ici Michelangelo Pistoletto ou Pier Paolo Calzolari ? Certes ces artistes ont une attitude qui consiste à défier l’industrie culturelle, et plus largement la société de consommation comme l’Ecole de Nice à son origine ; mais l’approche est tellement différente. Ne faut-il pas penser à une muséologie de « manque de place » ! Mais alors pourquoi empiéter sur l’Ecole de Nice, « le parent pauvre » ?

Salle Ecole de Nice, Mamac

Dans les 2/3 dédiés restants que trouve-t-on ? Une seule œuvre par artiste de l’Ecole de Nice… Pas facile de se faire une idée du feu d’artifices d’approches que furent les démarches des différents créateurs de l’Ecole. La référence choisie par le Musée pour être exposé est la participation à l’exposition de 1977, lors de l’inauguration du Centre Georges Pompidou à Paris, dont le commissaire fut Ben .
Ce dernier occupe d’ailleurs l’essentiel de la salle avec une Cambra imposante, une sorte d’avatar de son ancien magasin de disques -salle d’exposition- de la rue Tondutti de l’Escarène . Même s’il occupe l’essentiel de la pièce, on ne peut pas dire que cette œuvre est significative de la diversité des démarches de Ben, et surtout de la place capitale que cet artiste prit dans l’émergence de l’Ecole.

Ben, Cambra, Mamac, 1990-1991/1999

Les autres artistes se partagent les autres maigres espaces. Certains ont un peu plus de chance que d’autres. Jacques Martinez avec sa « Nissa la Bella » -une œuvre multiple, cependant pas de l’époque traitée ( !)- a un espace honnête, à l’entrée à gauche ; de même qu’Ernest Pignon-Ernest à la sortie.

Jacques Martinez, Nissa la Bella ou le traité de la coloquinte et du coucourdon, sculpture, peinture et étampes, Mamac

Mais que dire de Pinoncelli ou de Jean Mas, tous deux au « petit coin », largement masqués par la Cambra démesurée –pour l’espace (!)- de Ben. Pourtant comment éluder ces deux petits « derniers » ; ne sont-ils pas significatifs de l’Ecole de Nice ? L’œuvre de Pierre Pinoncelli, de son vrai nom Pierre Pinoncely, ne se limite pas à « l’attentat culturel » qu’il fit en 1969 contre André Malraux, en le barbouillant d’encre rouge au pistolet à peinture, lors de sa venue à Nice pour le musée Chagall. Celle de Jean Mas ne peut se comprendre uniquement à travers ses Cages à mouches. On élude ses Ombres, ses Bulles, ses A vendre, ses Peus et bien d’autres œuvres essentielles… Par ailleurs, Jean Mas a largement « mouillé sa chemise » par ses Performas pour contribuer au renom de l’Ecole et il continue inlassablement. Pourquoi le « punir » ainsi !

Le « petit coin » Mas-Pinoncelli

De maigres informations sur l’Ecole de Nice

Surprenant ! Dans la salle, on ne trouve aucune plaquette sur ce mouvement, rien sur ses diverses tendances. A l’entrée, aucun document n’est fourni à la demande, alors que d’intéressantes et utiles pages A3 sont proposées pour chaque exposition temporaire.
Aucun livre ne se trouve à disposition à la librairie pour le public, un comble ! Juste une petite feuille avec quelques photos et de un à quatre « bouts » de lignes par artiste –ceux de l’exposition A propos de Nice (1977)-, dans un tableau à reflets !

Seule et unique information sur l’Ecole de Nice ! Référence à A propos de Nice, Exposition, 1977, Centre Pompidou

En cherchant bien, si on est « spécialiste », on va rencontrer dans l’espace du Musée, d’autres œuvres de l’Ecole. Par exemple, au deuxième étage, 4 œuvres de Malaval sont mêlées à Christo, à l’entrée des salles Nouveau Réalisme. Que fait-il là tout seul ? Malaval s’il est contemporain de la bande de Pierre Restany, le chantre du Nouveau réalisme, ne fut jamais accepté par ce dernier, sauf sur sa fin, alors qu’il fut de l’épopée de 1977.
De même, on va trouver du Chubac –une série de maquettes datant de 1965 données par l’artiste- dans un… couloir face à l’ascenseur ! Des œuvres de ce dernier sont également placées sur le toit. Toutefois aucune référence –pas le moindre cartel- en atteste… Un oubli ?

Chubac, Maquette, 1965, MAMAC

Pas un mot non plus sur des oeuvres de l’Ecole de Nice qui se trouvent à moins de 100 mètres du MAMAC. Pourtant du toit, on peut admirer la magnifique et imposante Barrière de Nivèse ou la superbe Tête carrée de Sosno… Pas très loin non plus, on trouvera du Fahri, du César et du Venet.

Bien sûr, une salle –et un couloir- sont consacrés à Klein. Là rien à dire… Sinon que nulle part, il est indiqué que la mouvance niçoise le revendique comme un précurseur. La salle Klein fait suite à celle de la donation Niki Saint Phalle et surtout à la salle dédiée au Nouveau Réalisme où l’on va trouver cette fois Arman, César et Raysse. Des artistes « niçois », considérés également par les critiques, comme partie prenante de l’Ecole de Nice. Pourtant aucune interaction avec l’Ecole n’est suggérée ; le lien mis en évidence est celui bien connu du Pop Art américain.

« Pendant français du Pop’Art américain, le Nouveau Réalisme rassemble entre 1960 et 1963 autour du critique Pierre Restany, un groupe hétérogène d’artistes proche de l’esprit de Duchamp et partageant à travers "l’aventure de l’objet… une nouvelle approche perceptive du réel". Outre les préoccupations métaphysiques d’Yves Klein, on peut y inclure les Compressions de César, les Accumulations d’Arman, les Tirs de Niki de Saint-Phalle, les Emballages de Christo, les Affichistes tels que François Dufrêne, Raymond Hains, Jacques de la Villeglé et Mimmo Rotella, les Tableaux-pièges de Daniel Spoerri, les Etalages publicitaires de Martial Raysse, et les ressources technologiques chez Jean Tinguely. »
 Site MAMAC, Collection permanente, Les mouvements

Difficile de se faire une idée

Difficile de se faire ainsi une idée sur l’Ecole de Nice au MAMAC… de Nice ! Il est vrai que le MAMAC ne fut « pensé » pour elle. Les milieux de l’art et les politiques se méfiaient de ces artistes « révolutionnaires » (voir Chronique 22 et 23) et ces derniers contestèrent l’inauguration (Chronique 23). Est-ce à dire que les rancunes ou les « non-dits » restent tenaces ?...
Pourtant comment les niçois -et leurs édiles politiques- qui financent largement peuvent-ils se priver d’une présentation de leur Ecole, tout à la gloire de Nice et de sa région ? Justement à une époque où cette ville est en manque d’image sur le plan international...

Après cet inventaire sur l’actualité de l’Ecole au MAMAC, reste encore à revenir sur la présentation des œuvres et sur ce que fit le Musée, depuis maintenant 20 ans, pour cette mouvance niçoise.

(suite à la prochaine chronique)


1 Pourquoi pas les expositions de 1967 ou 1977 de de la Salle ? La référence eût été au moins locale !
2 Actuellement l’original se trouve au Centre Georges Pompidou, décentralisé à Metz.
3 Sur le site du Musée, à la rubrique Ecole de Nice, on trouve seulement la ballade de Jean Mas. Certes le texte donne heureusement quelques orientations et une Histoire. On ne peut faire plus pauvre…

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Chronique 24

Les atypiques

Certains artistes atypiques n’ont pas été directement impliqués dans le champ des arts plastiques au sens traditionnel. Cependant, ils ont marqué de leur empreinte l’Ecole de Nice à travers un parcours créatif singulier. Prenons par exemple, André Verdet, peintre, poète, sculpteur, musicien, photographe, céramiste,...

André Verdet 1913-2004

André Verdet est né le 4 août 1913 à Nice. Déporté à Auschwitz avec Robert Desnos, il a été passionné de musique - et même musicien de jazz - , amateur d’astronomie, féru de sciences, mais il est surtout connu pour ses poésies et essais sur l’art et la peinture : plus de 250 ouvrages publiés !
Il fut l’ami d’Arman, Gilli, Yves Klein, Sosno, Nivèse, Ben qu’il a soutenu à leur début, et il fut également peintre, sculpteur et céramiste. Mort à 91 ans en 2004 à Saint Paul de Vence, il a pu être considéré comme un membre effectif de l’Ecole de Nice par son apport poétique et artistique, et surtout par ses contributions écrites et vivantes à toute l’effervescence et le bouillonnement qui a caractérise la vie artistique de la côte d’azur.
Voir l’hommage recueilli lors de son décès
http://www.google.fr/imgres?imgurl=...;:&tbnh=96&tbnw=124&prev=/images%3Fq%3DAndr%25C3%25A9%2BVerdet&zoom=1&q=André+Verdet&hl=fr&usg=__Yyl6sU8oz5WK3UuphDJkdD7_NKM=&sa=X&ei=GYRhTenfD4KDOrKFxMsN&ved=0CEgQ9QEwCQ

André Verdet, Provence et méditerrannée, 55 x 75 cm
André VERDET, Sans titre, Saint Paul de Vence.

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