La Vie Rêvée des Arbres
Pour tout dire, Véronique Rischard est aussi metteur en scène d’opéra. Au bout de ces extensions, il y a un petit travail de milliers de feuilles dont elle s’amuse avec plaisir.
Maitrisant l’encre de Chine et ses subtilités, c’est l’occasion d’un magnifique exercice de style.
Il est courageux aujourd’hui de dessiner sans cesse des arbres. Même s’il n’y a plus de hiérarchie des genres comme au XIXème siècle, le paysage
n’est plus en goût de sainteté dans l’art contemporain.
Faisant fi des sirènes audibles du temps et de la tyrannie de l’avant-garde, l’artiste se remet uniquement à l’écoute de son silence intime.
Et l’art et la manière de Véronique Rischard réussissent à nous procurer un plaisir raffiné.
L’arbre omniprésent comme unique sujet. Le fond blanchâtre, cotonneux, comme un ciel proche du Paradis…
Es-ce un chêne, un olivier ? Symboles tour à tour de la paix, de la justice et de la force ?
Mais l’espèce n’a au fond guère d’intérêt. Le tronc est énorme. Il a de l’âge.
Il est le lien entre les racines terrestres dont on devine la puissante présence et les branches célestes.
Considérant que l’arbre nous survit, il nous parle à tous de l’immortalité et de notre éphémère condition humaine.
C’est dans la composition que Véronique Rischard excelle, donnant dans les entrelacs des ramifications et les torsions du tronc, tout son équilibre.
Souffle léger de l’air, le blanc circule entre les feuilles. Dans une inspiration toute romantique, l’âme du spectateur s’abime dans cette nature silencieuse.
En diptyque ou en triptyque, la ramure, végétation abusive, pousse à l’infini, envahit la toile de panneaux en panneaux.
Le fait qu’il existe ou non des figures dans un paysage n’est pas indifférent.
Devant les tableaux de Véronique Rischard où il n’y en a pas, le regardeur s’approprie tout l’espace dans une impression d’harmonie et de plénitude.
L’artiste raconte qu’au Luxembourg, petite fille, elle aimait aller au fond du jardin, dans un arbre pour rêver …
Devant « les arbres », c’est à notre tour de nous laisser aller à des moments de pure contemplation zen.
– Nice, Décembre 2010
Monique Boghanim
Directrice Artistique MUSEAAV
Cheno
Avec l’œuvre sculptée de CHENO, nous sortons définitivement de la sculpture académique.
Elle est en effet à mille lieues d’un Rodin, d’une Camille Claudel. Nous entrons en sa compagnie dans le sillage d’une Germaine Richier, d’un César ...
En parfaite autodidacte, Cheno apporte à la sculpture contemporaine d’autres interrogations, à avoir la stylisation des formes.
Calder disait en son temps :
"Ce qui fait la composition, c’est la disparité dans la forme, la couleur, la taille, le poids et le mouvement.
Ce n’est pas la symétrie qui fait la composition. C’est la rupture apparente de la régularité, qu’en fait l’artiste maîtrisé qui fait ou détruit une œuvre.
De cette évidente rupture avec la tradition classique, Cheno, à l’aide de fer, de soudure et de peinture, invente un monde peuplé de Coccinelles.
Des "bêtes à bon Dieu" d’une belle poésie, humoristique, sans agressivité, ni mode d’emploi ... Intellectuel !
Je souhaite une longue et belle vie à cette artiste d’un grand imaginaire.
Frédéric Altmann
Directeur de CIAC de Carros
Ecrivain
Journaliste
Octobre 2006