Stéphane Tidet - Half Moon, 2012
Le projet ?
Il s’agit du portrait d’une villa par le regard et la présence des animaux, une situation que j’appellerai quasiment post-humaine. Une habitation comme possiblement désertée et la seule présence étant des cerfs et des coyotes, qui reprennent leur territoire et refont du lieu des humains leur lieu à eux.
Le rapport avec les autres artistes ?
Certains sont des artistes avec lesquels je suis familier. Je connais leur travail. Nous avons chacun une vision assez singulière d’aborder cette question du fantastique, de l’étrange. Même si, me concernant, l’étrange me correspond sûrement mieux que le fantastique.
Julien Crépieux - Microfilm, 2012
Le projet ?
Mon film reprend l’intégralité du film modèle que j’ai utilisé, qui est de Samuel Fuller, « Pick up on the street », un polar des années 50. J’ai utilisé ce film comme une partition. J’ai re-filmé le film en projection sur plusieurs écrans, que j’ai mis en espace dans une maison vide qui me servait de décor.
J’ai reproduit les mouvements que le réalisateur faisait pour « filmer son film » et j’ai respecté chacune des coupes du film modèle, d’où la comparaison à une partition.
Le rapport avec les autres artistes ?
Je trouve que les travaux ne se ressemblent pas forcément, et c’est tant mieux... On peut voir peut-être le côté étrange en point commun. Mais l’étrange c’est délicat, car on peut le voir partout, même dans une scène banale. Je trouve qu’il y a quelque chose d’assez apaisant dans cette exposition.
Bertrand Lamarche - Cosmo disco, 2012
Le projet ?
L’idée de cette œuvre vient de la rotation, qui est quelque chose d’assez récurrent dans mon travail. Le vertige est une des choses qui m’intéresse. Un vertige qui fait appel à la notion de transe, qui veut dire « de l’autre côté de ». Pour aller vers, et rejoindre ce vertige, cette spirale …
Le rapport avec les autres artistes ?
C’est difficile à dire, il y a une cohérence malgré la diversité des travaux. Ils sont tous de natures différentes mais vont dans ce sens de l‘étrange. Un étrange qui n’est pas si obscur pour autant. C’est le cinéma lui-même qui produit l’étrangeté.
Les points communs entre les artistes se ressentent peut-être plus dans le processus de création des films. Nous sommes tous sur des dispositifs narratifs assez restreints, ce qui permet, je pense, de donner de la place au processus de la fabrication de l’image.
Stéphane Graff - Professore : La méthode expérimentale à l’étude des phénomènes de la vie, 2010
Le projet ?
J’ai fait ce film sur ce professeur, c’est un personnage que j’ai créé, mais qui n’est pas inspiré de quelqu’un en particulier. C’est un véritable mariage entre l’art et la science.
Le film est rythmé d’extraits du professeur dans son laboratoire, au milieu de ses expériences, avec une voix sortie tout droit des films éducatifs américains des fifties. J’avoue aussi avoir pensé à des influences françaises telles que le professeur Charcot (hystérie) et Duchenne (médecin-photographe).
J’ai créé ce personnage, car je voulais me mettre dans la peau d’un scientifique. Habituellement on fait confiance aux scientifiques et non aux artistes ! (rires) alors j’ai voulu jouer sur cette confiance…
Le rapport avec les autres artistes ?
Un point commun ? Nous sommes des êtres humains (ndlr : « human being », nous dit Stéphane Graff, londonien). Pour le reste je ne vois pas... J’ai beaucoup aimé les autres films, c’est comme si on était tous un peu complémentaires.
Le dernier artiste ayant participé ayant participé à cette exposition, Laurent Grasso, n’était pas présent. Son œuvre, The Silent Movie (2010), traduit l’oppression dans un univers de liberté.
N’est pas vidéaste qui veut ! C’est une encore plus belle réussite quand on sait que ces artistes ne sont pas vidéastes. Leurs œuvres sont toutes déroutantes, parfois même envoûtantes. Le MAMAC continue ainsi à nous éblouir avec une nouvelle génération d’artistes très inspirés.