Des artistes de tous horizons croisent le public, comme récemment Jean-Marc et Jean-Antoine Hiero qui ont réalisé à quatre mains une toile de 2 mètres 20 sur 5 mètres, accompagnés du quartet de Pierre Bertrand sur la musique de son prochain album « Fare east suite », inspiré de Duke Ellington.
Les amateurs de jazz peuvent regretter que cette affaire ait été menée en privé, car ce pianiste et compositeur est une pointure !
Si Jean-Marc Calvet se sent aussi bien à « La Menuiserie », c’est pour d’autres raisons. Niçois, il revient dans sa ville natale après vingt ans au Nicaragua.
« La guerre nous a chassés, Charlotte et moi ». Charlotte, c’est sa fille de sept ans. Mais la France l’accueille à bras ouverts. « J’expose en juillet prochain à Cavalaire avec Claude Guénard et Charlélie Couture que je connais depuis New York. Ensuite à Montpellier. Je suis aussi en pourparlers pour une grosse expo à Paris, et prochainement à la Riviera Galerie à Nice ».
Il en faut peu pour être heureux : peindre et vivre de son art.
Tout n’a pourtant pas été rose pour ce garçon livré à la rue à treize ans, qui découvrit à 37 la force de la peinture pour virer ses démons. Après de longues traversées du désert, le reste du parcours effectué ressemble fort à un conte de fée. Jean-Marc parle avec volubilité : « j’avais ouvert un restaurant au Nicaragua, je me suis mis à peindre comme un fou pendant quatre ans. Je faisais des « splash », un peu à la manière de Jackson Pollock sans le connaître. Un Américain passe, remarque mes tableaux. Grâce à lui, j’expose à New York, les grands musées achètent mes toiles, je participe aux grands festivals dans lesquels je représente le Nicaragua à l’échelle internationale. Au début de mes premières ventes j’avais l’impression d’arnaquer les clients ».
Voilà qu’à présent Jean-Marc se sent « beau dans le regard des gens ».
Il revient de loin lui qui, exagérant à peine, avoue que Picasso ne représentait guère plus qu’une Citroën. Il apprend l’existence de Keith Harring, de Basquiat avec qui il dialoguait sans le savoir, devient boulimique d’art, se colle aux œuvres pour mieux les lire en... faisant retentir les alarmes des musées. Dialogues ininterrompus, son art est en constante évolution :« on voit du tribal dans ta peinture » dit un galeriste. Les compositions s’efforcent de contenir la tragédie dans des explosions de couleur pure. Et la lumière surgit de toute cette noirceur dans un optimisme formidable.
Annick Chevalier