La terre qu’il travaille est un torchis : à la sciure et la poussière accumulées dans l’atelier par le temps est mélangée la terre rouge culinaire de Vallauris mûrie et séchée dans l’atelier.
À ce mélange vont s’ajouter ensuite des oxydes qui permettent d’obtenir cette couleur bronze-vert rouillé. Ainsi, chaque sculpture est chargée des résidus des précédentes, établissant entre les œuvres une continuité de la matière. Comme chaque tableau est la suite du précédent, (Picasso), toutes les œuvres de Paolo sont reliées entre elles.
Le bois qu’il utilise est le plus souvent un bois de récupération qu’on lui a apporté ou qu’il a trouvé par hasard. C’est le bois qui l’inspire et décide de la forme qui va naître. Le bois n’étant pas une matière homogène, il présente des nœuds, des tensions qui créent des contraintes que l’artiste utilise.
Quelques coups de tronçonneuse permettent la naissance de formes radicales, sans possibilité de retour en arrière. L’outil dessine, coupe, creuse, créant des vides et des pleins, cherchant une « allure » qui convient à ce que la matière raconte au sculpteur, ou à l’idée qu’il poursuit, au cheminement logique et inconscient de l’œuvre.
C’est ensuite que « la terre vient s’encastrer dans cette forme pour aller », nous dit l’artiste : « vers quelque chose que je ne connais pas ». Encore molle, elle est attachée, liée au support par des lanières de chambre à air, une pratique ancestrale des potiers pour faire tenir les formes.
Le bois, avant d’être une matière froide et inerte a été un arbre, un être vivant qui communique et transmet. En le retravaillant, Paolo lui redonne une nouvelle vie.
Par des découpes, des créations de formes oblongues ou des architectures faites de creux et d’ombres, les sculptures de Paolo Bosi recréent une symbiose entre la terre et le bois.