La Cabeza ou Tête de Mort (Grande) est un immense crâne, revêtu de miroirs et pierres colorées. L’artiste a été inspirée par le folklore et la mythologie mexicaine qu’elle a dû connaître et dont elle fut fascinée pendant ses dernières années de vie à La Jolla aux Etats-Unis, à la frontière mexicaine. Les têtes colossales sont emblématiques de la civilisation olmèque, crânes et squelettes sont les symboles majeurs du Jour des Morts et des célébrations religieuses d’origine précolombienne. Ils ont la fonction de « memento mori » destinée à rappeler la brièveté de la vie sur terre. D’autres grandes sculptures très colorées comme le Diable et la Mort peuplent le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle en Toscane. Elles font partie de « cette sculpture violemment expressionniste, pleine de naïveté et primitive, une sorte d’art mexicain populaire » comme l’a décrit Pierre Restany. La notion de mort et l’espoir d’une vie après, sont des thématiques présentes tout au long de la carrière de l’artiste, assez fragile de santé. Le message que l’artiste veut nous faire parvenir avec ces sculptures est un message positif et d’espoir : « There is no death. There is change-transformation. Our life is Eternal ».
La Cabeza est la dernière sculpture de grandes dimensions de l’artiste et une des seules où le visiteur peut entrer à l’intérieur.
Un monde kaléidoscopique apparait alors autour de lui : l’intérieur est complètement revêtu de miroirs et les reflets de lumière plongent le spectateur dans un monde magique. Cette œuvre est destinée à tout type de public : les enfants peuvent grimper, jouer et se cacher à l’intérieur. Cette sculpture conçue pour l’extérieur est assez résistante au climat et à la pluie.
La Fondation Niki de Saint Phalle, propriétaire de la pièce, encourage la présentation de cette pièce dans des lieux publics, selon le désir de l’artiste. La Cabeza n’a jamais voyagé au dehors des Etats-Unis et sa présentation à Paris est donc une première absolue en Europe.
Niki de Saint Phalle
Niki de Saint Phalle (1930-2002) est l’une des artistes les plus populaires du milieu du XXe siècle mais paradoxalement la richesse et la complexité de son œuvre restent à découvrir. Elle compte parmi les premières artistes femmes à acquérir de son vivant une reconnaissance internationale et à jouer de sa personnalité médiatique. Niki est d’ailleurs l’une des premières personnalités - au même moment que Warhol - à utiliser la presse et les media pour contrôler ou orienter la réception de son travail.
Autodidacte, Niki de Saint Phalle s’inspire de Gaudi, Dubuffet et Pollock pour mettre en place dès la fin des années 50 un univers singulier, en dehors de toute tendance et mouvement. Son parcours biographique y est sublimé par la création de grands thèmes et de mythes qui articuleront ensuite toute son œuvre. On en connaît le caractère joyeux et coloré, mais on en a oublié la violence, l’engagement et la radicalité. Qu’il s’agisse de l’audace de ses performances, du contenu politique et féministe de son travail ou de l’ambition de ses réalisations dans l’espace public.
Niki de Saint Phalle - Rétrospective au Grand Palais
17 septembre 2014 > 1 février 2015
Cette rétrospective, première grande exposition consacrée à Niki de Saint Phalle depuis vingt ans, présente toutes les facettes de l’artiste qui fut à la fois peintre, assemblagiste, sculpteure, graveuse, performeuse et cinéaste expérimentale, et renouvelle profondément le regard posé sur son travail. Plus de 200 œuvres et archives dont beaucoup sont inédites émaillent un parcours de 2000 m2 à la fois chronologique et thématique, ponctués d’écrans montrant l’artiste commentant son travail. Des maquettes de projets architecturaux et une sculpture-fontaine (L’Arbre de Vie) devant l’entrée du Grand Palais, permettront d’évoquer l’ampleur et la diversité de son œuvre publique.