Karen Joubert (dite Karen) est une artiste-peintre au parcours atypique. Née en 1954 d’une mère américaine et d’un père français commissaire principal de bord de paquebots transatlantiques, Karen mène une enfance extraordinaire. Allant de la Californie au Havre, elle fait la rencontre de nombreuses personnalités et séjourne dans les plus grands palaces.
De cette vie extravagante, elle tirera son caractère mais aussi son art.
Après des études à l’Académie Charpentier, elle épouse un jeune artiste thaïlandais et tombe amoureuse de son pays et de ses paysages tropicaux. Elle fait la rencontre du marchand d’art et collectionneur Daniel Cordier, qui la formera et l’encouragera dans sa démarche. Secrétaire de Jean Moulin, Daniel Cordier a construit sa réputation par sa capacité à dénicher des talents souvent ignorés par la critique, à l’instar de Jean Dubuffet. À la fin des années 1980, Karen expose à la galerie Beaubourg à Paris dirigée par Marianne et Pierre Nahon.
L’artiste élabore avec la plus grande minutie une peinture figurative décrivant une végétation épaisse, touffue, luxuriante et exotique où l’homme, les animaux, l’eau ou le ciel sont absents.
Privilégiant les grands formats, ces forêts vierges constituent un monde imaginaire et paradisiaque fait d’une infinité d’infimes détails. Chaque tableau demande six mois à un an de travail. Cette flore tropicale évoque tant l’art naïf et la peinture du Douanier Rousseau que les arts décoratifs.
En 1989, Daniel Cordier intègre deux pièces majeures de Karen à sa donation de quelques 500 œuvres au Centre Pompidou (Paris). Les deux œuvres sont aujourd’hui en dépôt aux Abattoirs de Toulouse. Karen traverse alors une période difficile et réalise au feutre noir, comme dans un exutoire, un dessin de 10 mètres de haut illustrant sa vie, en hommage notamment à son père et ses traversées transatlantiques. Elle se tourne alors vers un art proche du Pop Art et de la bande dessinée, plus spontanée et gestuelle. Si la végétation est toujours omniprésente, la figure humaine et les animaux font leur apparition et s’entremêlent aux nombreuses références autobiographiques. Karen est fortement présente en Asie où son art connaît une belle réception.
En 2014, Karen décide de faire don à la Ville de Nice au profit du MAMAC d’une série de tableaux de sa première période (une dizaine au total), qui font l’objet de cette exposition. Toutes ses œuvres ont été créées sur la Côte d’Azur à Roquefort-les-Pins où elle vit depuis plus de 25 ans. À cette date, Karen rencontre Gilbert Perlein, conservateur en chef du musée qui décide de la suivre dans cette aventure, alors même qu’elle continue de travailler loin des circuits conventionnels de l’art contemporain.