Quel est votre parcours cinématographique ?
J’ai été formé à la caméra il y a 15 ans. Je travaille beaucoup sur le documentaire.
Ce qui m’intéresse est le travail sur l’humain, la parole, l’histoire des personnes que j’ai pu rencontrer et sur la société.
Une de mes premières expériences a été le tournage d’un documentaire sur un boulanger algérien, que j’ai suivi pendant 10 ans (de 2002 à 2012).
Quelle est l’origine du projet ? Est-ce vous qui êtes allé vers les collectivités ou l’inverse ? Le film montre un fort investissement de leur part, comment cela s’est mis en place ?
C’est la ville de Cannes qui est venue me demander de réaliser un film sur ce projet d’éducation artistique et culturelle. Ils cherchaient le regard d’un artiste pour retranscrire au plus près les évolutions et émotions que vivaient ces 677 enfants. La ville connaissait déjà mon travail de documentariste et de journaliste.
La ville de Cannes, et notamment Cécile Kettela et Jennifer Alario, ont piloté le projet et la coordination entre les classes, écoles, compagnies et moi-même. La ville de Cannes est aussi le coproducteur du film et principal financeur.
Que sont ce qu’on appelle les « réseaux prioritaires » ?
Les réseaux prioritaires sont les quartiers difficiles, pour lesquels les mairies essaient d’avoir une politique d’éducation culturelle et artistique plus forte car ce sont des zones qui n’y ont pas autant accès que les autres. D’où ce projet qui entrait totalement dans cette politique.
Quelles sont les spécialités des compagnies Humaine, Reveïda et Tandaim ?
La Compagnie Humaine et la Compagnie Reveïda sont des compagnies de danse contemporaine. La Compagnie Humaine travaille sur la chorégraphie. Sur ce projet-là, ils ont travaillé aussi sur la vidéo avec des portraits dansés. La Compagnie Reveïda a fait un travail de long terme, sur toute l’année scolaire, avec un spectacle à la fin de l’année, organisé par 3 classes de l’école Eugène Vial à Cannes. La Compagnie Tandaim est une compagnie de théâtre contemporain, qui a fait un travail d’initiation au théâtre, avec comme point final la représentation d’un de leurs spectacles, « La part du colibri », où tous les enfants étaient conviés dans la cour de leur école.
En quoi est-il important d’introduire ou de poursuivre l’art et la culture à l’école ?
C’est initier les enfants à une autre manière de communiquer. A travers ces pratiques, ils apprennent à se connaître, à s’exprimer en public, à se comprendre. De plus, ça abolit les différences de niveaux scolaires entre les bons et les mauvais élèves. Parfois, c’est inversé, c’est-à-dire que le mauvais élève va aider le bon élève qui ne sera pas aussi à l’aise que lui pour jouer ou pour danser. C’est très intéressant d’inverser ces pôles et de promouvoir une construction de l’élève à travers l’art et la culture.
Quelle est la diffusion prévue pour ce film ?
Ce film va être utilisé par la mairie pour mettre en valeur leur politique d’action artistique et culturelle. De mon côté, je vais sans doute le proposer à différents festivals pour que l’éducation artistique et culturelle soit soutenue et débattue. C’est essentiel.