Sorte de curriculum vitae en forme de récit
Pourquoi Jacques Pélissier a-t-il choisi d’être artiste ? Parce qu’à seize ans (on est en 83) il tombe sur une brochure vantant la formation de l’ESAG (Ecole Supérieure d’Art Graphique) et se dit : tiens, ça existe, ce genre d’école (Nice en était dépourvue). Son père ingénieur et béton, sa mère pharmacienne l’encouragent et l’installent à Paris. Apprendre ce qui touche à l’illustration, à la création d’affiches c’est passionnant mais dès sa deuxième année d’école, Jacques prend conscience des contraintes de ce métier et pour lui c’est l’évidence, il veut être libre ! Pas de thème imposé, pas de carnet de commandes, pas de patron… Il fera de la peinture et rien d’autre.
Il revient à Nice, diplômé, installe son atelier chez ses parents et n’a plus pour maîtres que les peintres qu’il admire, Van Gogh, Robert Ryman, Philip Guston… Ses recherches se concentrent sur la matière peinture. Il achète des toiles et des couleurs ; s’essaye à l’huile, au pastel gras ; varie les supports, papier journal, carton, bois… Pas de figuration, pas de modèle, juste de la matière et un support pour l’étaler !
Pendant quatre ans il travaille sans rien montrer, sans fréquenter ni artistes, ni école, juste en dévorant des livres sur les peintres qu’il admire. Il découvre que Jaspers Johns travaille à l’encaustique, alors il se concocte un mélange de cire d’abeille et de pastel à l’huile pour fabriquer encore et toujours une matière, mais cette fois il ponctue les surfaces de quelques représentations (il a appris à dessiner), des objets de la vie quotidienne, une brioche, des visages, ceux des belles femmes du Fayoum. Ses voyages, il les fait dans l’espace et dans le temps avec les artistes qui sont ses modèles. Nice et l’Ariège de son enfance lui suffisent. Pas besoin de déplacements pour explorer le monde que les peintres, Picasso, Basquiat, Bacon…, les écrivains, Beckett, Faulkner… lui évoquent. Grâce à eux, il n’est jamais seul…
En 1997, il se sent prêt. La galerie Lola Gassin vient voir son atelier et d’emblée, lui propose une exposition personnelle. Le choc se produit à l’instant où il voit ses toiles accrochées. Pour la première fois il a du recul face à son travail. Sur une surface riche en matière, résultat d’une savante alchimie de cire et de pastel gras chauffé au fer à repasser, dans des déclinaisons de gris, il inscrit quelques motifs, une figuration assez désordonnée… Après tout, la figuration il s’en fiche ! Il rencontre un public et se sent à l’aise. Il a, sans doute, trouvé son chemin…
D’autres expositions viendront, en groupe : la Biennale de l’UMAM (Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne), Art Jonction International en France, la Foire d’Art Contemporain de Gand en Belgique, le Metropolitan Art Museum de Pusan en Corée, ou en solo : Lola Gassin encore, la galerie Kiron à Paris à trois reprises, la galerie « Le rire Bleu » à Figeac ; la galerie Annie Lagier, à l’Isle-sur-la-Sorgue, etc.
En 2005, le travail de Jacques Pélissier change, disons par accident. Sa fille est hospitalisée et pour la distraire il lui achète de la pâte à modeler et confectionne pour elle de petits personnages. Ils deviennent rapidement un nouveau sujet de recherche. Encore une fois, ce sont des portraits d’artistes qu’il façonne entre ses doigts : Chet Baker, Chuck Close, Serge Gainsbourg, Mick Jagger, Karl Lagerfeld… pour leur gueule, pour ce qu’ils font, pour ce qu’ils sont… Il les photographie, retravaille les fonds, les agrandit jusqu’à en faire des tirages de 150 sur 110 centimètres. Parallèlement il travaille sur des carnets quadrillés. Il dessine, à partir de rien, d’une tache d’encre, d’une image, puis note des phrases, photographie les pages de croquis, intervient à nouveau, agrandit, re-photographie… Une sorte de « work-in-progress » qui lui procure une liberté, un sentiment de nomadisme, l’impression de déranger le moins possible. L’art, dit-il, « c’est un mode de vie, c’est la chance de pouvoir sortir quelque chose qu’on a au fond de soi et qui n’est pas formulé. J’ai cette chance et je m’éclate ! »
– Hélène Jourdan-Gassin
Jacques Pélissier
Né le 26 Novembre 1967 à Nice
– Etudes d’Arts Graphiques à Paris
E S A G Penninghen
I P M D
Expositions
- 1997 :
Galerie Lola Gassin, Nice
Galerie des Ponchettes,Nice. (Prix de la ville de Nice)
- 1998 :
Galerie Kiron, Paris
Galerie de la ville de Nice
- 1999 :
Galerie Lola Gassin, Nice
Galerie Annie Lagier, L’Isle sur la Sorgue
Galerie Kiron, Paris
Pusan Metropolitan Art Museum, Corée
- 2000 :
Art-Jonction, Nice. (Prix de l’artiste, « Toison d’Or)
Altea Galerie, Nice
Foire internationale d’Art Contemporain de Gand, Belgique
- 2001 :
Galerie Kiron, Paris
Faculté de Médecine de Nice
Galerie « Le Rire Bleu », Figeac
Galerie des Ponchettes, Nice
- 2005 :
Exposition Galerie Art-Génération, Paris
- 2006 :
Exposition Ville de Marennes-Oléron
Exposition Galerie TAD, Milan
2007 :
Exposition Galerie TAD, Rome
2010 :
Exposition Chez Lola Gassin, Nice
Participation à La Nuit des Galeries, Nice