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CHRONIQUE 18 (Part II) : Henry Le Chénier, une figuration réinventée

Voici la suite du nouveau chapitre de la chronique proposée par Alexandre De La Salle...

Suite d’une biographie succinte de Henry Le Chénier

En 1982, ce sont de nouvelles recherches sur les forêts, puis Henry Le Chénier va retrouver son thème favori : l’Etre Humain. En 1984, il est fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, en 1986, Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques. En 1987/88, avec la collaboration de Christiane Le Chénier, de Michèle Audon alors Directeur Général de l’Opéra Bastille, de la Société Centrale pour l’Équipement du Territoire et de l’Archi¬tecte Claude Parent, il dirige l’étude de la préfiguration du Musée d’Art Contemporain du Grand Saint Jean à Aix en Provence. L’équipe est assistée des conseils scientifiques et culturels de Georges Duby, Michel Butor, Antonio Del Guercio, Daniel Lelong, Marceau Long et Georges Raillard. Le projet terminé sera finalement rejeté par la municipalité en 1990. En 1989/90, l’irrationnel pictural et les incohérences spatiales sont au centre de ses recherches sur le thème « des Gens ».
Le 2 janvier 1991, il brûle encore 120 toiles peintes entre 1960 et 1975. En 1992, il est Commissaire général de l’exposition à Aix en Provence de Léonardo Crémonini, organisée en collaboration et pour le compte du service culturel du Conseil Général des Bouches du Rhône.

Triptyque des Missions (I) (1999) Huile/toile, 200x450cm, Collection Eurocopter

En 1993/94, Le Chénier travaille sur des thèmes où la violence érotique et la peur panique, le délire festif, le supplice et la mort dominent son imaginaire, avec les « Fuites » où se manifeste la terreur, les « Chutes » où les corps se déchirent et les « Bacchanales » auxquelles il joint « Homme et femme » où les corps s’accouplent.
C’est alors qu’il réalise quatorze grandes toiles sur l’idée du « Chemin de croix » qui font l’objet d’une importante exposition itinérante à partir de 1995. Suite à une grave maladie il quitte l’Éducation Nationale et l’enseignement supérieur des Arts Appliqués. En 1995/96, il travaille simultanément sur le mythe de Dionysos qu’il associe à ses réflexions sur « L’Etre humain », les « Visages et les Masques ». Suit la réalisation d’un grand nombre de dessins dont les vingt grandes « Agitations Dionysiaques » présentées sous forme de kakémonos. Durant l’année 1996 il peint la « Résurrection d’Avignon », qu’il joint aux quatorze toiles et aux 140 dessins préparatoires du « Chemin de croix ». En 1997/98, le travail de Le Chénier s’oriente vers les thèmes des « Vrilles du temps » qu’il situe aux centres des pensées qui cernent les cohérences des mythes, des philosophies, des religions et des cultes depuis les temps les plus anciens jusqu’aux rituels médiatiques de notre présent. Ses introspections sur ces cohérences évolutives dans l’espace, dans les temps, humains, mystiques et mythiques, libèrent la pensée et le geste du peintre et le portent vers une expression picturale plus spontanée qui éclate et vrille notre réflexion.

Triptyque des Missions (II) (1999) Huile/toile, 200x450cm, Collection Eurocopter

En 1998, Espace Mirabeau de Coriolis d’Aix-en-Provence, ce sont « Les tourments de Don Giovanni » (30 dessins), et en 1999, à Paris, au Salon international de l’Aéronautique du Bourget, Eurocopter. En 2001, à la Villa Tamaris Pacha de la Seyne-sur-mer, c’est la rétrospective de l’œuvre graphique de 1957 à 2000, et les peintures. Je me souviens de cette gigantesque exposition, qui a impressionné toutes les personnes présentes. Et en 2002, c’est « Mort à Pompéi », 25 toiles et 25 dessins.
La liste de ses expositions collectives est aussi en soi poétique : 1975/76, Marseille, Librairie Galerie Paul Maurel : 20 illustrations pour les « Ballades et sonnets » de Pétrarque. Une exposition itinérante sur le thème de l’olivier, et puis à Aix en Provence, galerie des Maîtres Contemporains, et l’Hôtel de Ville de Le Beausset, puis le Festival de Châteauvallon, et le Festival dans la Chartreuse de Villeneuve les Avignon. En 1977, Hôtel de Ville de Fontaine de Vaucluse : 20 illustrations pour les « Ballades et Sonnets » de Pétrarque. En 1978, Aix en Provence, galerie des Trois Ormeaux, sur le thème des moutons. 1979, Abbaye de Saint Maximim, Collège d’échanges contemporains, sur le thème des schistes et des roches. 1982, Marseille, Vieille Charité, 1984, Aix en Provence, Musée Granet. 1985, Châlons sur Saône, Espace des Arts. 1987 Marseille, galerie Sordini, 1988, Nice, Art Jonction International, 1989, Aix en Provence, Office Départemental de la Culture du Conseil Général des Bouches du Rhône. Aix en Provence, Rectorat de l’Académie : 101 dessins.

1991, La Chapelle Saint Luc, Centre Culturel. 1993, Exposition itinérante regroupant des peintures réalisées entre 1988 et 1992 sur les thèmes des gens, d’Adam et Eve, des Pietà, ou de la Fuite en Egypte ; Arles, Fondation Vincent Van Gogh ; Toulon Espace Peiresc ; Chamalières, Galerie d’Art Contemporain ; Clermont Ferrand, Club Gergovia. A noter, dans le cadre des expositions collectives : 1963/64 Nice, Jeune peinture Méditerranéenne, 1979, Aix en Provence, Présence Contemporaine, 1980, Rome, Centre Culturel Français et Paris, Salon de Mai. 1981, Paris, Salon de Mai. 1983, Paris, Grand Palais : Figuration Critique. 1988, Aix en Provence, Présence Contemporaine. Arles, Musée Réattu : « Hommage à Vincent Van Gogh ». 1991, Tours, Château de Tours, 1992, Bourges, Maison de la Culture.

Triptyque des Missions (I) (1999) Huile/toile, 200x450cm, Collection Eurocopter

L’aventure « d’Eurocopter », en 2000, avec les images d’hommes volants, de vols de nuit, de missions, de Maître de l’Espace que sont les tableaux d’Henry Le Chénier en cette fin de siècle, est très séduisante, et parcourons-là tout de suite, avant de revenir aux travaux des années 80, fondamentaux. La préface écrite conjointement par Patrick Gavin et Siegfried Sobotta, président et co-président du Directoire d’Eurocopter donne le ton de ce que peut être la collaboration de l’art et de l’industrie. Leur titre, « Un supplément d’âme » :

Eurocopter

Dans un monde économique où tout nous rappelle à la nécessité des équilibres budgétaires, l’Art et l’Industrie pourraient, à première vue, s’éloigner. Bien au contraire, le soutien que la société Eurocopter est heureuse d’apporter à la création de ce livre d’art prouve, si besoin est, que raison et imagination peuvent aller de pair. Société intégrée franco allemande, Eurocopter a engagé, dès sa création en 1992, une réflexion sur le mécénat culturel, soulignée par des actions concrètes. La société Eurocopter est très fière que des artistes français et allemand de renommée internationale comme Henry Le Chénier et Peter Klasen aient bien voulu accepter de concevoir des œuvres sur le thème de l’hélicoptère au troisième millénaire. Ce faisant, cette action de mécénat perpétue l’esprit Médicis. Elle s’inscrit dans une politique qui vise à favoriser des initiatives interculturelles franco allemandes. L’hélicoptère, grande innovation technologique de ce siècle, apporte à chacun, tout comme l’art, sa part de rêve. Nous avons la conviction qu’il a inspiré nos deux artistes. Au fil des pages, vous découvrirez que ces deux défricheurs de l’imaginaire nous ont réservé de très belles surprises. Face à ces créations, nous constatons que le rapprochement de l’art et de l`industrie forme comme une alchimie, une véritable recette d’équilibre.

« Vol de nuit du 21-XII-98 » Huile et fusain sur « Die Welt » Catalogue Eurocopter

Ces œuvres contribuent, par leur rayonnement mutuel, à donner à l’homme de cette fin de siècle, le supplément d’âme et la part de rêve dont il a tant besoin. (Siegfried Sobotta et Patrick Gavin).
Et dans ce catalogue, Henry Le Chénier a écrit :
Les destins pluriels des humains sont identiques. Les plus anciennes images nous le disent et celles de notre présent, toutes tendances confondues, nous le confirment.
Au-delà des valeurs collectives instables et des évolutions technologiques, c’est au cœur des culturalismes culturels et par la conjugaison des intelligences, des consciences et des sens, qui ensemble, interrogent l’être, l’âme et le corps dans son entier, que s’épanouissent les individualismes créatifs, dans la diversité de leurs expressions et de leurs techniques, pour défier le temps, les modes et les styles. (Extrait d’un texte d’Henry Le Chénier)

« Le maître de l’espace du 04-1-1999 » Huile et fusain sur « Le Monde » Catalogue Eurocopter

Présence contemporaine

L’association des noms d’Henry Le Chénier et de Peter Klasen n’est pas surprenante, souvenons-nous qu’en 1979, Henri a créé les expositions « Présence Contemporaine » où seront montrées des œuvres d’artistes renommés, dont Peter Klasen, Arroyo, ou Velickovic, et, dans la chronique où j’ai parlé de Peter Klasen, j’ai donné des extraits d’une rencontre d’atelier où des propos de Peter ont été recueillis par Henry Le Chénier et Christiane Girard.
C’était dans le catalogue de l’exposition Arroyo/Klasen/Velickovic au Cloître Saint-Louis d’Aix-en-Provence du 12 juillet au 29 août 1982 pour « Présence Contemporaine », réalisation Henry Le Chénier, Directeur Général de Présence Contemporaine.

 : « Homme volant du 26-XI-1998 » Huile et fusain sur « Le Monde » Catalogue Eurocopter

Henry Le Chénier avait aussi interrogé Velickovic, et Marc Le Bot avait écrit une préface intitulée « Légendes pour le temps présent ». Marc Le Bot qui a tellement écrit sur la peinture d’Henry. Et « Légendes pour le temps présent » pourrait aussi être le titre générique de celle-ci.

(A suivre)

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